En 2020 et dans le cadre du programme SETI, la Chine décidait de dédier l'intégralité de la puissance de son radiotélescope sphérique de 500 mètres d'ouverture («Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope», soit FAST) à l'écoute du ciel et à la recherche de signaux extraterrestres intelligents.
Il se pourrait bien que l'appareil géant, situé dans un bassin naturel du comté de Pingtang, ait entendu quelque chose. Mais quoi? Une aura de mystère plane sur de premières annonces, publiées dans le journal scientifique d'État Science and Technology Daily, puis rapidement mises hors ligne.
L'article en question est resté en ligne suffisamment longtemps pour que certaines sources puissent le lire et en rapporter les grandes lignes. Il était signé Zhang Tonjie, chef d'une large équipe regroupant des scientifiques de l'Université normale de Pékin, des Observatoires astronomiques nationaux de l'Académie des sciences de Chine et de l'Université de Californie à Berkeley.
En 2020, Zhang Tonjie annonçait le recentrage des activités du FAST sur des signaux aliens, télescope géant dont la construction avait pris fin en 2016 mais qui avait bénéficié d'importantes mises à jour destinées à limiter d'hypothétiques interférences.
Dans l'article désormais fantôme effacé par le Science and Technology Daily, Tonjie expliquait qu'il avait observé deux groupes de signaux étranges en 2020 en analysant des données de 2019, et découvert un troisième et nouveau en 2022, cette fois en exploitant de la data issue d'exoplanètes.
Pas si FAST!
Bien que le scientifique chinois admettait dans son article qu'il était fort possible qu'il ne s'agisse que d'interférences, et qu'il doutait que le FAST puisse connaître le succès dès ses premiers essais, ces annonces n'en étaient pas moins intéressantes.
Elles l'étaient d'autant plus que leur disparition soudaine du journal dans lequel elles ont été faites ressemble à l'ébauche d'un scénario hollywoodien, dans lequel les autorités scientifiques se doivent de dissimuler au monde un premier contact avec une civilisation extraterrestre.
Malheureusement ou heureusement, selon votre niveau d'inquiétude quant à une invasion imminente de petits hommes verts ou gris ou jaunes et à ventouses, il semble que la réalité soit beaucoup plus prosaïque.
Contacté par Space.com, l'un des collègues de Zhang Tonjie et membre éminent du programme SETI au sein de l'Université de Californie, Dan Werthimer, déclare tout de go et sans pincettes que ces mystérieux signaux venus d'ailleurs n'étaient a priori, et comme le subodorait Tonjie lui-même, que de vulgaires interférences, celles-là même dont le FAST cherche avec tant d'ardeur à se débarrasser.
«Ces signaux sont dus à la pollution émise par les Terriens, pas par des extraterrestres, explique le chercheur américain. Le terme que nous utilisons est RFI, pour “radio frequence interference”. Les RFI peuvent provenir de téléphones cellulaires, de transmetteurs TV, de radars, de satellites, ainsi que d'appareils électroniques et d'ordinateurs proches de l'observatoire émettant de faibles transmissions radio.»
Toutes les observations faites jusqu'à présent par les équipes planchant sur le programme SETI sont donc des artefacts et productions humaines, ajoute Werthimer, qui précise qu'il est de plus en plus difficile d'échapper à ces interférences radio lorsque les recherches ont lieu depuis la Terre.
Selon lui, un observatoire placé sur la face cachée de la Lune pourrait permettre aux humains d'échapper à leurs propres pollutions radio pour mieux chercher de véritables signaux extraterrestres dans l'immensité de l'espace. Il ne reste plus qu'à le construire.