Dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine, l'Allemagne a récemment pris la décision, significative, de se réarmer et d'augmenter drastiquement la part militaire de son budget national en injectant 100 milliards d'euros destinés à la modernisation de ses forces de défense.
Ce sont ces bases posées que le gouvernement d'Olaf Scholz a annoncé le 14 mars avoir élu le F-35 américain, conçu par Lockheed Martin, pour remplacer sa vieillissante flotte de Tornado, en fonction depuis les années 1980.
Entscheidung zur Tornado-Nachfolge ist getroffen: Mit dem Flugzeugtyp F-35 wird die Aufgabe zur Nuklearen Teilhabe zukünftig gewährleistet bleiben. Ziel ist es, den Tornado bis 2030 zu ersetzen. pic.twitter.com/ItVxXRfjI9
— Verteidigungsministerium (@BMVg_Bundeswehr) March 14, 2022
Le F-35 a été longtemps en lice aux côtés notamment du F/A-18E/F Super Hornet ou de son dérivé EA-18G Growler, tous deux produits par Boeing. Trente-cinq exemplaires de l'aéronef pourraient être commandés, aux côtés d'une poignée d'Eurofighter modernisés et dédiés au combat électronique, permettant au programme européen de poursuivre sa propre évolution.
Le choix du F-35 et son horizon américain ne sont pas tout à fait une surprise. Il tient à un élément primordial: l'Allemagne fait partie de l'Otan et est associée à son programme de dissuasion nucléaire depuis 1955.
À ce titre, ses avions peuvent être appelés à être armés de bombes atomiques américaines, en l'occurrence les B61-12 stockées sur la base aérienne de Büchel: le F-35 est naturellement conçu pour opérer ces choses, à l'inverse de l'Eurofighter qu'il aurait fallu adapter. Quant à la capacité officielle du Super Hornet en la matière, elle semble avoir récemment été remise en cause.
Du plomb européen dans l'aile
Reste le très épineux dossier du futur avion de combat européen, un projet SCAF déjà mouvementé auquel Dassault, chargé de concevoir son élément central nommé NGF («New Generation Fighter», chasseur de nouvelle génération), croit de moins en moins.
Aux côtés de la commande des F-35, l'annonce de l'achat d'Eurofighter dédiés au combat électronique par la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, est une manière de «garantir pour le pays une place centrale dans le futur projet SCAF».
Une déclaration qui ménage la chèvre mais en malmenant le choux: le système de combat aérien du futur n'a jamais semblé aussi compromis, du fait d'une probable et forte redondance avec le cœur opérationnel de la Luftwaffe du futur.
Les commandes de F-35 se multiplient partout en Europe (Royaume-Uni, Pays-Bas, Italie, Norvège, Belgique, etc.) et les bisbilles entre Dassault et Airbus, autre partie majeure du système européen du futur, ne semblent pas connaître de pause.
La messe est peut-être déjà dite et Dassault, qui évoque depuis longtemps un «plan B» au SCAF et multiplie également les succès à l'export avec le Rafale, pourrait chercher de nouveaux partenaires pour son prochain chasseur.