Ah, l'allergie aux chatons! Un crève-cœur pour tous les enfants de 7 à 77 ans, en amour avec les matous mais qui ne peuvent s'en approcher sous peine de subir de longues heures d'éternuements et de souffrance.
Contrairement aux idées reçues, l'allergie aux chats, qui toucherait environ 10% de lapopulation mondiale, n'est pas liée à leur pelage mais à leurs glandes sébacées et salivaires, qui secrètent une protéine connue sous le nom de Fel d 1. Si l'on pouvait trouver un moyen d'en départir les chats de protéine, on pourrait drastiquement augmenter le nombre de félins hypoallergéniques.
C'est ici que le «ciseau d'édition génétique» Crispr-Cas9 fait son entrée. Selon une entreprise américaine nommée IndoorBiotechnologies, cet outil de modification génétique, qui permet prosaïquement de découper l'ADN à un endroit précis du génome, pourrait rendre plus de chats hypoallergéniques. La firme mène actuellement des essais pour supprimer la protéine Fel d 1, comme elle l'explique dans dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology et au site OneZero.
Éthique et essais cliniques
Aucun chat n'est soumis à de quelconques essais scientifiques. L'entreprise a travaillé avec des cellules de félins, qui lui sont fournies par une association de protection des animaux à partir d'échantillons de tissus d'une cinquantaine chats.
Grâce à ces échantillons, Nicole Brackett, scientifique postdoctorante, extrait l'ADN avant d'isoler et de séquencer le génome de la protéine Fel d 1. Elle cherche des similarités dans le génome de chacune des cellules, avec l'espoir de découvrir une séquence sur laquelle il est possible d'utiliser Crispr-cas9.
L'entreprise considère ses résultats comme prometteurs et prévoit d'éditer les gènes isolés en laboratoire pour voir s'ils cessent de produire la protéine causant les allergies. L'objectif à terme est d'arriver à produire un médicament, sous la forme d'un cachet à faire avaler aux chats, permettant de supprimer la production de ladite protéine.
Deux problèmes de taille se dressent toutefois sur la route scientifiques qui effectuent ces recherches. Le premier, c'est qu'il est possible que la protéine Fel d 1 pourrait avoir des fonctions essentielles pour ces animaux. Le second, c'est qu'il faudra réaliser des essais cliniques sur de véritables chat, à la fin du processus, pour s'assurer des résultats –ce qui ne va pas sans soulever de cruciales questions éthiques.