Depuis la découverte de l'ADN en 1953, les scientifiques s'interrogent sur la possibilité de modifier sa structure. Jusqu'en 2012 et l'invention de Crispr-Cas9, le processus était long, complexe et coûteux. Mais cette technologie ne cesse d'élargir les horizons de la biologie: elle permet de découper le génome et de remplacer ses séquences facilement, à la manière de «ciseaux génétique».
Jusqu'où la révolution Crispr-Cas9 pourra-t-elle aller? Tandis que certaines personnes évoquent la possibilité de faire renaître des espèces éteintes ou même d'inventer de nouvelles molécules, Malakkar Vohryzek, citoyen américain, cherche simplement à trouver une échappatoire à sa maladie.
Ce consultant en informatique californien souffre d'un mal sans nom. Sa peau est allergique au soleil, et extrêmement sensible, expose-t-il à Stat, un site web du Boston Globes spécialisé dans la santé. Sa maladie entraîne une prolifération de grains de beauté qui peuvent s'avérer cancérogènes. Son mal incurable n'est toutefois hérité d'aucune mutation génétique connue.
Charité bien ordonnée
Malakkar Vohryzek a décidé de prendre les choses en main en convaincant les scientifiques, biohackers et entreprises de biotechnologies du monde entier d'utiliser Crispr-Cas9 sur sa propre personne.
Pour quel emploi et quel traitement, précisément? Lui-même semble hésiter sur la manière exacte dont Crispr-Cas9 pourrait lui venir en aide. C'est, plus tôt dans l'année, la lecture d'une étude japonaise sur le séquençage d'un génome permettant d'augmenter la radiotolérance humaine qui l'aurait persuadé de se lancer dans cette quête.
Malakkar Vohryzek n'est pas le seul à voir un espoir dans l'application de Crispr-Cas9 pour le traitement de maladies. En 2017, le biohacker Josiah Zayner s'est rendu célèbre en modifiant son propre matériel génétique en direct sur Facebook, à l'aide d'un kit Crispr/Cas9 fabriqué par sa société.
Il a depuis été convoqué par l'Agence de la consommation de Californie à la suite d'une plainte pour exercice illégal de la médecine. L'État américain, par crainte d'une multiplication de personnes cherchant à se soigner par elles-mêmes, a fait passer une loi durant l'été pour bannir cette pratique.
En août, les premiers tests de Crispr-Cas9 sur des êtres humains ont commencé à Chicago pour traiter la myopathie de Duchenne entre autres maladies génétiques, tandis que des scientifiques chinois ont affirmé, mi-septembre, avoir commencé à traiter un patient atteint du sida grâce à cette technologie. Afin qu'un jour, peut-être, ces «ciseaux génétiques» arrivent à mettre un terme aux plus de 6.000 maladies génétiques connues.