Pour absorber le CO2, et bien que l'affirmation soit parfois contestée, on n'a pour l'instant a priori rien trouvé de mieux que les arbres. D'après une étude de l'ETH-Zürich en Suisse, planter 1.000 milliards d'arbres permettrait de diminuer de 25% le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère durant les deux prochaines décennies.
Mais où planter tous ces arbres, qui représentent l'équivalent de la surface des États-Unis? Entre l'augmentation nécessaire des surfaces agricoles pour répondre aux futurs besoins alimentaires et l'urbanisation galopante, l'espace risque bien de manquer.
Alors pour capturer plus de CO2, la startup Living Carbon ambitionne de créer des «super arbres», à la photosynthèse améliorée. Il faut savoir que la photosynthèse naturelle est un processus qui ne brille pas par son efficacité: pour la plupart des plantes dites C3 (manioc, riz, soja…), à peine 4,6% de l'énergie reçue se retrouve concrètement transformée en biomasse.
De nombreuses équipes travaillent donc dans le monde à manipuler le processus de photosynthèse afin d'augmenter la capacité des plantes à convertir le CO2.
En 2019, une équipe de l'université de l'Illinois est parvenue à accroire le rendement de plants de tabac de 40%. Si la majeure partie des recherches se concentrent sur l'efficacité du rendement agricole, Living Carbon compte pour sa part appliquer cette technique aux arbres.
«Imaginez si au lieu de planter 1.000 milliards d'arbres, vous n'avez besoin que d'en planter 500 milliards? Cela libère de l'espace pour beaucoup d'autres usages», avance Maddie Hall, fondatrice et dirigeante de la start-up.
Génie génétique
L'entreprise ne dévoile pour l'instant aucun détail sur la technique utilisée pour produire ses «super arbres», mais si elle s'apparentait à la méthode qui s'applique au tabac, cela donnerait des arbres plus grands et qui poussent plus vite, donc qui absorbent davantage de dioxyde de carbone.
Living Carbon développe aussi une seconde innovation consistant à réduire la quantité de carbone relâchée par l'arbre lorsqu'il se décompose en lui permettant de capter le cuivre et le nickel dans le sol, qui détruisent les champignons (ces derniers sont responsables de la décomposition du bois).
Tout cela n'en est encore qu'au stade de la recherche. Par ailleurs, même si l'on peut supposer que les arbres génétiquement modifiés rencontreront moins de résistances que celles qu'affrontent les plantes comestibles, Living Carbon risque tout de même de se heurter à des obstacles réglementaires.
Le label FSC, délivré aux forêts gérées de manière responsables, n'autorise par exemple pas les arbres OGM. Des peupliers pauvres en lignine censés faciliter la production de papier n'ont ainsi jamais connu le succès escompté.
Mais pour Steve Strauss, un professeur de biotechnologies végétales qui conseille la start-up, la crise climatique nous amènera forcément à revoir notre attitude envers les technologies de génie génétique, ne serait-ce que parce que les arbres vont devoir pousser dans une environnement plus sec et plus chaud. Un nouveau dilemme en vue chez les écologistes.