Innover dans le nucléaire n'est pas une mince affaire. La moindre erreur peut prendre des dimensions catastrophiques –l'ampleur des désastres de Tchernobyl ou Fukushima a pu en donner une idée. Les scientifiques préfèrent donc continuer de réaliser les recettes qui marchent, quitte à ce que la construction d'un réacteur prenne plus de dix ans et coûte des milliards de dollars.
Menée par Kurt Terrani, une équipe du Laboratoire national d'Oak Ridge (Tennessee) pense autrement: selon elle, il est temps de rajeunir l'industrie du nucléaire.
Sa solution: construire un petit cœur de réacteur grâce à l'impression 3D et en carbure de silicium, un métal extrêmement solide qu'il est impossible de faire fondre. Baptisé Transformational Challenge Reactor, l'objet est un cylindre contenant l'uranium et les composants qui permettent d'initier la fission et de produire l'énergie nucléaire.
Mini-réacteur, maxi-efficacité
Le prototype fait 40 centimètres de haut et tient dans un réacteur de la taille d'un fût de bière. Il devrait produire jusqu'à 3 mégawatts d'énergie (de quoi subvenir aux besoin de 1.000 habitations), et être plus efficace que les cœurs traditionnels.
C'est la seule partie du réacteur d'Oak Ridge qui soit réellement nouvelle –le reste est basé sur un concept de réacteur aussi vieux que la technologie nucléaire elle-même, et refroidi à l'hélium.
«On essaye de trouver un moyen de construire un système nucléaire plus performant, plus vite, explique Terrani, le directeur technique du programme, pour Wired. Nous ne sommes plus limités par les géométries classiques. Plutôt que de proposer des concepts qui se ressemblent tous, on peut changer le design du cœur et permettre au système de répondre à son environnement.»
L'un des avantages de l'impression 3D serait de pouvoir placer des capteurs à l'intérieur (plutôt qu'à l'extérieur, ce qui avait toujours été le cas jusqu'à présent) et donc de s'offrir la possibilité de surveiller de manière beaucoup plus précise la santé du réacteur.
En attendant d'en arriver là, les scientifiques continuent de tester leur prototype afin que tout soit prêt pour la mise en marche du réacteur d'Oak Ridge, prévue en 2023.