Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les besoins en énergies fossiles devraient se trouver à leur plus haut niveau d'ici à une quinzaine d'années. Si ce pic est amené à survenir plus vite que prévu, c'est parce que l'invasion russe en Ukraine aurait accéléré la transition vers des sources d'énergie plus propres, précise l'agence.
Plus précisément, la demande en charbon devrait commencer à décroître dans quelques années, tandis que les besoins en pétrole se stabiliseront autour de 2035. Prochainement, le gaz amorcera lui aussi sa stagnation, prévue pour la fin des années 2020. C'est la première fois que les prévisions des analystes de l'AIE débouchent sur de telles conclusions, explique New Scientist.
Ce pic ne manquera pas de marquer un tournant historique pour l'économie mondiale. «C'est une annonce importante», confirme Mike Coffin, qui travaille au sein du cercle de réflexion Carbon Tracker sur les conséquences des changements climatiques sur les marchés financiers. «Cela permet d'appuyer le message adressé aux industries du pétrole et du gaz: leur bon vieux business ne va plus fonctionner à long terme.»
Les bienfaits de la sobriété subie
Autre résultat formulé par l'AIE: les émissions globales produites par le secteur de l'énergie devraient commencer à baisser en 2025, en raison d'une diminution progressive de la demande. La crise actuelle de l'énergie devrait donc avoir des effets bénéfiques à long terme, car la «sobriété subie» (se lassera-t-on un jour de cette expression) est en train de contraindre un grand nombre de pays à transitionner plus rapidement vers d'autres types d'énergie.
New Scientist rappelle l'exemple états-unien de l'Inflation Reduction Act (IRA), qui va accélérer l'expansion de l'éolien, du solaire et des véhicules électriques au cours de la décennie à venir.
Dans le même temps, l'Union européenne va diminuer sa demande de gaz naturel et de pétrole de 20% d'ici à 2030, conformément à la feuille de route «Fit for 55», constituée de treize propositions législatives visant à atteindre l'objectif ultime: une réduction d'au moins 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.