Les masques FFP2 sont une denrée rare en cette période de crise sanitaire mondiale. En France, la pénurie de ces masques capables de filtrer 95% des particules de l'air aspiré est l'objet d'une vive polémique entre le gouvernement et ses détracteurs –y compris dans le corps médical.
Alors qu'Olivier Véran a annoncé, samedi 21 mars, avoir commandé 250 millions de nouveaux masques, une question peut se poser: pourquoi ceux-ci ne peuvent être rendus réutilisables?
Un article de Fast Company donne quelques éléments de réponse. Le principal problème est scientifique: si un masque a été exposé au SARS-CoV-2, sa réutilisation pourrait potentiellement prolonger la diffusion du virus. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) s'est penché sur la question en essayant de trouver des moyens imparables pour s'assurer de l'élimination des virus sur lesdits masques.
Des procédés complexes
Plusieurs pistes ont été avancées, comme les mettre au micro-ondes pour générer une chaleur suffisante, avant de les désinfecter aux rayons ultraviolets. Une autre méthode impliquait l'utilisation d'eau de javel, mais celle-ci pouvait endommager les masques.
Le façonnage des masques de type FFP2 n'est pas identique pour tous, malgré une capacité de filtrage similaire, et certains restent intacts après l'utilisation de l'une de ces méthodes tandis que d'autres sont abîmés.
Selon Ron Shaffer, scientifique de l'agence interrogé par Fast Company, l'autre problème tient à la précision indispensable au processus de décontamination. Les essais réalisés au sein de l'agence fédérale américaine le furent par des scientifiques, dans un environnement adéquat.
À l'inverse, si l'on dit à des millions de personnes de passer leurs masques 30 secondes au micro-ondes, certains pourraient finalement penser qu'il vaut mieux le laisser 2 minutes pour mieux tuer le virus, ce qui pourrait encourager des pratiques peu sécurisées. Par ailleurs, dans un hôpital équipé du matériel nécessaire, il serait difficile de désinfecter suffisamment de masques FFP2 pour répondre aux besoins.
Aucune réponse concluante n'a été apporté en la matière, il ne faut donc pas, absolument pas, réutiliser des masques FFP2. La véritable problématique à résoudre, dans l'immédiat, tient plus des lieux de production: en France, seuls quatre sites industriels ont la capacité de fabriquer de tels masques, selon 20 Minutes, alors que l'essentiel de la production se trouve en Chine.
Pour une usine qui n'est pas spécialisée, décider subitement d'élaborer des masques aux normes FFP2, voire des masques chirurgicaux plus simples, n'a rien d'une évidence –les procédés de fabrication sont spécifiques et les matières nécessaires parfois difficiles à trouver. Quant aux masques en simple coton, même si c'est mieux que rien, ils ne filtrent pas grand-chose.
L'espoir réside donc dans les spécialistes: le géant 3M espère par exemple faire rapidement croître sa production pour atteindre les 2 milliards de masques FFP2 fabriqués cette année.