Partout dans le monde, les informations concernant l'armement sont si sensibles qu'elles sont très largement protégées, tenues secrètes et parfois mensongères. Toujours est-il qu'en Iran, dans les années 2000, une rumeur a commencé à circuler sur un bunker qui aurait réussi à stopper une bombe pourtant destinée à le faire tomber: l'arme concernée était un «Bunker buster», conçu pour pénétrer les murs de cibles fortifiées.
À cette époque, l'Iran était le leader de la technologie du béton fibré à ultra haute performance et, visiblement, le pays avait de l'avance. Selon Popular Mechanics, la course secrète à l'armement entre le béton et les bombes de ce type ne s'est, depuis, pas arrêtée.
Stephanie Barnett est chercheuse à l'université de Portsmouth, au Royaume-Uni, et s'intéresse à la création de béton ultra solide pour protéger les bâtiments civils des attaques terroristes. Elle explique qu'un officier de l'armée lui a un jour dit: «Si vous fabriquez ce matériau plus résistant aux explosions et aux chocs, nous devons réfléchir à la façon de le traverser.»
La compétition se joue à l'international. Inquiète de l'avancée iranienne, Israël a ainsi demandé aux États-Unis, en 2005, des armes plus puissantes pour pénétrer les bunkers. Quatre ans plus tard, c'était chose faite: l'armée de l'air recevait de la part de ses alliés outre-Atlantique la GBU-28, une bombe de 2.267 kg avec une capacité de pénétration environ quatre fois supérieure à sa version précédente.
Et les choses ne se sont pas arrêtées là: Israël demande désormais une nouvelle bombe, la GBU-72, testée pour la première fois en octobre 2021. Pour certains, c'est le signe que le béton, de son côté, est de plus en plus résistant.
Des bunkers impénétrables?
Une comparaison s'autorise avec ce qui se joue au niveau de la conception des balles et des gilets pare-balles. Seulement, côté défense, le béton est «intrinsèquement plus fragile» que les plaques de céramique qui protègent des balles, précise Phil Purnell, expert en technologie du béton à l'université britannique de Leeds, interrogé par Popular Mechanics.
Mais cet état de fait a évolué avec l'apparition du béton fibré à ultra haute performance, matériau composite où sont ajoutés de l'acier ou d'autres fibres permettant de prévenir les fissures et de maintenir le béton en un seul tout.
«Les fibres donnent plus d'énergie de fracture», précise Stephanie Barnett, cette dernière étant définie comme la quantité nécessaire d'énergie pour fendre un matériau.
Mais il reste un obstacle. «Le problème c'est que vous ne pouvez pas ajouter plus de 1% de fibre d'acier dans le béton, parce que sinon elles s'agglutinent, affirme Phill Purnell. Il faut donc trouver comment en mélanger une plus grande quantité.»
Selon le professeur, beaucoup d'équipes dans le monde se penchent sur la question. Mais ce sont des recherches majoritairement effectué par l'armée qui, selon lui, ne communique jamais son travail aux ingénieurs civils.