Avant d'administrer des traitements aux êtres humains, on les teste généralement sur les souris. Mais dans le cas du Covid-19, les rongeurs communs ne conviennent pas. Bien qu'ils possèdent le gène qui permet au SARS-CoV-2 de s'implanter chez nous, ils ne développent pas les symptômes et complications si dangereuses pour nous.
Les scientifiques ont été confronté·es à des problèmes similaires avant l'apparition du nouveau coronavirus. Pour y faire face, des souris génétiquement modifiées avec une enzyme humaine, l'ACE2, ont été créées. La recherche a désormais besoin de ces rongeurs ACE2 afin de développer un vaccin contre le Covid-19.
Mais depuis le début de la pandémie, il est presque impossible d'en trouver. Les entreprises qui les commercialisent n'ont plus de stock disponible. Les scientifiques travaillant sur le vaccin se préparent à une attente de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois.
Il n'existe pas de réserve de souris génétiquement modifiées disponibles pour d'éventuelles pandémies. La plupart d'entre elles sont réparties entre des scientifiques travaillant sur des maladies qui représentent habituellement un marché important (les cancers, les hépatites et d'autres troubles chroniques).
Les limites du marché
«La recherche suit les tendances, et en ce moment, les gens se concentrent principalement sur l'oncologie et les troubles métaboliques», précise Kader Thiam de Genoway, une entreprise lyonnaise qui commercialise des animaux de laboratoire.
Au début de l'épidémie, le Jackson Laboratory, qui fournit plus de 11.000 espèces de souris pour la recherche médicale, ne disposait pas de la variété requise pour le Covid-19. Il a fait appel à un spécialiste des coronavirus qui avait conservé de la semence de la bonne espèce de rongeurs.
Des femelles ont été inséminées et le Jackson Laboratory espère pouvoir fournir un maximum de souris (sachant qu'il faut compter trois semaines de gestation et six semaines pour qu'elles arrivent à maturité). Le Chinois Cyagen assure qu'il pourra en livrer d'ici un mois.
En attendant, quelques scientifiques utilisent d'autres animaux, forcément moins adaptés. D'autres cherchent à produire par leurs propres moyens des souris génétiquement modifiées.
Tant que les ACE2 seront indisponibles en quantités suffisantes, la conception d'un vaccin demeurera ralentie, bien que l'urgence pousse certains gouvernements à autoriser des tests directement sur des cobayes humains.