La police albanaise vient de démonter un réseau de plus de 500 caméras de surveillance clandestines installées par la mafia –dont la moitié dans la capitale Tirana–, destiné à contrôler les faits et gestes des forces de l'ordre, mais aussi des gangs rivaux et des simples citoyens.
Elles ont été découvertes dans le cadre d'une enquête sur l'explosion d'une bombe près du domicile d'un policier dans la ville de Shkodra, située au nord du pays, explique le Financial Times.
Selon un communiqué de la police et le Balkan Investigative Reporting Network, ces caméras contrôlées à distance, principalement installées sur des poteaux électriques en pleine rue, permettaient aux mafieux d'avoir un coup d'avance sur leurs adversaires criminels comme sur les forces de l'ordre. Toutefois, certaines de ces caméras, bien qu'illégales, semblent avoir été installées par des particuliers.
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L'ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères Aldo Bumçi affirme que les groupes criminels albanais emploient des «dizaines de milliers de familles» dans leur pays, notamment pour la culture du cannabis, et utilisent Tirana pour blanchir les profits de leur réseau mondial de trafic d'héroïne et de cocaïne.
L'emprise des gangs sur le pays constitue l'un des principaux facteurs d'émigration, avec le manque de perspectives économiques.
Tirana est régulièrement pointée du doigt pour sa complaisance supposée vis-à-vis de la criminalité organisée. Le Parti socialiste d'Albanie au pouvoir avait proposé en juillet 2022 une loi permettant de déposer jusqu'à deux millions d'euros dans une banque sans devoir justifier de leur origine, en payant un impôt de 5 à 10%, ce qui avait suscité l'ire de Bruxelles.
Un rapport du département d'État américain publié l'année dernière a quant à lui appelé le pays à intensifier ses efforts en matière de réforme de la justice, d'anti-blanchiment et de lutte contre la criminalité.