Selon un rapport de la firme spécialisée Elliptic, repris par CNBC, les dons en cryptomonnaies affluent depuis quelques semaines en Ukraine pour armer le pays, du moins les volontaires et mercenaires souhaitant le défendre, face à la menace d'une invasion russe.
Des activistes ont ainsi organisé une sorte de crowdfunding guerrier mondial destiné, selon Elliptic, à fournir certains équipements militaires ou médicaux à l'armée ukrainienne, à lui offrir des drones ainsi qu'à développer «une application utilisant la reconnaissance faciale pour déterminer si un individu peut être un espion ou un mercenaire russe».
«Les cryptomonnaies sont de plus en plus utilisées pour “crowdfunder” la guerre, avec l'accord tacite des gouvernements», explique Tom Robinson d'Elliptic. C'est particulièrement vrai sur des terrains d'opérations comme l'Ukraine, où des armées de mercenaires et volontaires ont afflué depuis la crise de 2014 pour s'opposer aux velléités russes, dans le Donbass notamment.
La Russie –qui menaçait de réguler voire de bannir les cryptomonnaies mais a fait volte-face et souhaite finalement les considérer comme des devises normales– fait elle-même appel en sous-main à des mercenaires, tels ceux du fameux groupe Wagner, déjà croisé en Ukraine par le passé et actuellement à la manœuvre en Algérie et au Mali.
Pas vu, mais pris
«Les cryptomonnaies sont particulièrement adaptées à ces levées de fonds internationales, parce qu'elles ne connaissent pas les frontières nationales et peuvent résister à la censure, aucune autorité centrale ne pouvant bloquer les transactions, par exemple en réponse à des sanctions», explique Robinson.
L'analyste ajoute que, toujours en cas de sanction, les cryptomonnaies sont généralement plus difficiles à confisquer. En tout, plus de 570.000 dollars (500.000 euros environ) auraient ainsi été levés, d'un peu partout dans le monde, par des officines telles que Come Back Alive, Ukrainian Cyber Alliance ou Myrotvotrets Center. Le même procédé est bien sûr également utilisé dans le camp d'en face, notamment pour les séparatistes armés pro-russes.
L'analyste londonien Boaz Sobrado explique à CNBC que les autorités russes hésitent à bloquer les comptes en devises traditionnelles de certains de ses opposants, de peur que cela ne les pousse à des transactions en cryptos, beaucoup plus difficiles à tracer.