Un «canon stratégique» d'une portée théorique de 1.000 miles nautiques, soit environ 1.852 kilomètres: l'arme aurait légitimement de quoi effrayer les défenses du monde entier. Elle est, rapporte Ars Technica, ce sur quoi planche un groupe d'ingénieur·es américain·es, pour des forces armées souhaitant réaliser un premier test dès 2023.
La haute technologie militaire ne passe donc pas forcément par les airs, les vecteurs aéroportés, drones et missiles, et un tel canon pourrait avoir de profondes répercussions sur l'art de la guerre.
Patron de l'US Army Futures Command, chargé d'imaginer l'avenir technique des armées, le général John Murray expliquait en septembre 2018 devant un panel d'élu·es américain·es que l'allongement de la portée de l'artillerie était l'une des priorités de ses troupes. Le Howitzer de 155 mm a déjà doublé la distance que peuvent parcourir ses obus, la faisant passer à 70 kilomètres, rapportait alors le haut gradé.
Qui, en plus de missiles supersoniques également en développement, mentionnait par la même occasion un «Strategic Long Range Cannon» dont la portée serait équivalente à la distance séparant Paris de Malte.
Mortelle concurrence
Rien n'est encore fait sur le plan technique: les bureaux d'études de l'armée américaine examinent la faisabilité du concept, ainsi que le coût d'une telle arme ou de chacune de ses munitions –facteur risquant de rendre une technologie inutilisable en pratique.
Un an après les déclarations liminaires du général John Murray, l'homme responsable de ce programme spécifique a affirmé que de premiers obstacles technologiques seraient sans doute dépassés lors de tests prévus dans ces prochaines semaines.
Ars Technica ajoute que la pression est forte pour que le projet aboutisse. Ce canon serait capable de pénétrer au cœur des défenses d'un pays ennemi disposant de défenses antiaériennes très développées. Au hasard la Chine, dont les installations dans la très disputée mer de Chine méridionale semblent, pour l'instant, difficiles à briser sans de lourdes pertes humaines et matérielles.
Dans cette course aux nouveaux armements, les rivaux géopolitiques des États-Unis ne restent pas les bras ballants. Russes ou Chinois, pour ne citer qu'eux, possèdent notamment des programmes de missiles hypersoniques et de canons électromagnétiques, en avance sur ceux des Américains.