Les émissions de gaz à effet de serre n'ont pas comme seule conséquence le réchauffement de la planète. À cause de ces gaz, l'air est capable d'absorber plus d'humidité et les océans se réchauffent. Or, ces deux phénomènes sont à la source de la formation d'ouragans. D'après les projections scientifiques, ces catastrophes naturelles devraient donc être de plus en plus puissantes.
Par conséquent, les structures construites par l'homme dans les zones exposées à ce genre de catastrophes naturelles vont devoir résister à des vents encore plus puissants que ceux que nous connaissons aujourd'hui.
Aujourd'hui, afin de simuler l'effet d'un ouragan sur leurs constructions, les ingénieurs utilisent une soufflerie. Seulement, la puissance des tunnels à vent utilisés pour tester l'aérodynamisme des voitures ou des avions ne sont pas suffisant. Aux États-Unis, une seule soufflerie est capable de reproduire les conditions d'un ouragan de type 5: le Wall of Wind (WOW) de l'Institut des événements extrêmes à l'université internationale de Floride.
Analyse de pointe
Cette immense installation dispose de douze ventilateurs de près de deux mètres de haut, empilés les uns sur les autres sur deux étages. Avec 8.400 chevaux de puissance, ils peuvent souffler un vent allant jusqu'à 252 km/h, tout en simulant les pluies intenses qui accompagnent un ouragan. Des caméras et capteurs permettent aux ingénieurs d'analyser comment les structures testées cèdent sous la force du vent.
Pourtant, malgré son incroyable puissance, ce faramineux mur de vent est déjà dépassé par la réalité: en 2019, l'ouragan Dorian a balayé les Bahamas avec des vents allant à 296 km/h; en 2015, Patricia s'est abattu sur le Mexique à 346 km/h.
Le gouvernement a donc décidé d'investir 12,8 millions de dollars (12,3 millions d'euros) pou augmenter la puissance du WOW, afin qu'il puisse atteindre les 321 km/h. Le dispositif va aussi être équipé d'un bassin d'eau, afin de simuler les vagues soulevées par les ouragans.
«Le changement climatique alimente des tempêtes de plus en plus dangereuses, la recherche de pointe et les capacités de test ont besoin d'être à la hauteur de l'évolution des risques qui menacent les pays, explique Richard Olson, le directeur de l'Institut d'événements extrêmes. En réalité, parce que la fameuse échelle de Saffir-Simpson [de classification de l'intensité des ouragans, ndlr] ne va que jusqu'à la catégorie 5, en interne, nous appelons [notre travail] “projet de catégorie 6”.»