Les problèmes associés à la domination des GAFAM sur internet sont bien connus: atteintes à la vie privée, inaction face aux discours de haine et à la désinformation, et un quasi-monopole qui entrave l'innovation –tous ces géants ont été créés il y a au moins une vingtaine d'années. Un autre internet est-il possible? La fondation Dfinity pense que oui.
«Nous [voulons] ramener internet à une époque où il offrait cet environnement ouvert à la créativité et à la croissance économique, un marché libre où les services pouvaient se connecter sur un pied d’égalité. Nous voulons redonner à internet son mojo», claironne Dominic Williams, créateur de Dfinity.
Cela impliquerait de faire fonctionner les logiciels et applications grâce à un réseau de centre de données décentralisés, plutôt que chez Amazon Web Services ou Google Cloud.
Actuellement, si l'on utilise un logiciel tel que Zoom –ce qui n'est pas forcément une bonne idée– celui-ci échange des données avec des serveurs qui appartiennent à Zoom, via le protocole IP (Internet Protocol).
Un changement de paradigme
Dfnity propose une autre solution: le protocole ICP (Internet Computer Protocol), basé sur un réseau décentralisé de centre de données indépendants. Au lieu d'être liés à un serveur fixe, les logiciels pourraient utiliser n'importe quel serveur du réseau, contre un paiement mensuel en cryptomonnaie.
Autrement dit, personne ne saurait vraiment où se trouvent les données, qui pourraient être n'importe où dans le réseau, à n'importe quel moment.
Problème: le contrôle des développeurs sur leurs applications serait réduit, y compris lorsque des utilisateurs et utilisatrices se livreraient à des affaires pendables –incitation à la haine, harcèlement, activités criminelles... De plus, comme le montrent les cryptomonnaies, décentralisation n'est pas toujours synonyme de démocratie.
Dfinity a levé 90 millions d'euros en 2018 et sa solution est valorisée à 1,77 milliard d'euros. Elle a déjà développé des clones de TikTok et LinkedIn fonctionnant sur l'ICP.
Toutefois, des projets similaires comme le SAFE Network n'ont pas rencontré un franc succès. Même avec une solution fonctionnelle, le plus difficile reste de changer les habitudes des internautes.