C'est Minority Report dans le monde de la double pepperoni ou l'invention, pour reprendre l'expression d'iTnews, du «panoptique de la pizza»: en Autralie et en Nouvelle-Zélande (avant sans doute le reste du monde), Domino's Pizza utilise désormais un système nommé Pizza Checker pour garantir à sa clientèle des produits sans défaut.
Pizza Checker est un robot bardé de senseurs qui vient se placer en surplomb de la pizza en cours de confection. L'intelligence artificielle et le machine learning qui l'animent lui permettent de vérifier si certains critères stricts sont respectés en ce qui concerne les aliments, de jauger leur distribution régulière sur la pâte et de déterminer si le fromage est correctement réparti.
Pizzas sous haute surveillance
Si le robot détecte une erreur, une alerte est envoyée au restaurant qui doit y remédier –ainsi qu'à l'employé·e qui en a la charge. Une photo peut même être envoyée à la personne ayant passé commande, pour qu'elle puisse juger de la perfection de ce qu'elle s'apprête à engloutir.
Si la chaîne présente son superviseur robotique comme un simple moyen d'entraîner ses salarié·es à mieux faire, certains jugent qu'il pourrait également être un outil parfait pour surveiller les bon·nes pizzaïolas ou pizzaïolos et punir les mauvais·es.
Comme le constate Sarah Emerson, autrice de cet article pour OneZero, l'usage de nouvelles technologies est souvent un moyen, parfois détourné, pour pressurer un peu plus les employé·es.
Elle note ainsi qu'une étude de 2013 montrait que l'inclusion, dans les restaurants, de systèmes de surveillance du vol était corrélée à une augmentation des profits. Non parce que le nombre de vols baissait, mais parce que les employé·es, se sachant surveillé·es, mettaient les bouchées doubles pour vendre plus de produits.
«En théorie, il est possible qu'une technologie soit utilisée au bénéfice des individus», commente Randolph Lewis, professeur à l'Université d'Austin et auteur de Under Surveillance – Being Watched in Modern America. «Mais je pense plutôt à ce qui se fait généralement. Je suspecte que ce ne sera pas pour assurer une journée plus plaisante ou supportable aux salariés –plutôt pour en tirer 20% de productivité supplémentaires.»