Un gros, gros objet volant bien identifié. | Amazon
Un gros, gros objet volant bien identifié. | Amazon

À Lockeford, les drones de livraison d'Amazon sont à l'horizon et des locaux préparent leurs fusils

Un ball-trap californien d'un tout nouveau genre.

Depuis une annonce fracassante de Jeff Bezos en 2013, Amazon travaille sur ce qui ressemble à une certaine idée du futur –une certaine idée de l'enfer, penseront certains. Plus de camionnettes, plus de livreurs, plus d'avis de passage dans les boîtes aux lettres: les livraisons se feront par les airs, grâce à des drones sur lesquels la firme de Seattle planche elle-même depuis des lustres.

Cette idée qui planait s'est subitement concrétisée lorsqu'Amazon a annoncé, tout de go, le 13 juin, que la communauté de la petite bourgade semi-rurale de Lockeford (Californie) serait la première à bénéficier des services aériens de Prime Air.

Du moins si certains de ses membres, excédés par l'annonce inattendue et concertée dans le plus épais secret avec la municipalité, ne décident pas de sortir leurs six coups, leurs 22 long rifles et leurs AR-15 pour abattre les imposants postiers-bourdons du géant de l'e-commerce.

«Une cible pour l'entraînement!», s'exclame ainsi un vieux du coin, interrogé par le Washington Post, venu sur place pour prendre la température, plutôt congelée, des habitants surpris qu'une telle expérimentation déboule chez eux sans véritablement prévenir.

Pourquoi Lockeford? Pour sa topographie, son climat, son aspect reculé, explique un insider au Washington Post. «Ça faisait un peu cowboy et tu fais ce que tu veux là-bas», précise-t-il. En clair: les ploucs californiens ne piperaient mot, et Amazon pourrait tranquillement profiter des largesses et des silences municipaux pour installer son Far West volant et expérimental.

Le colis tombé du ciel

Voici comment les choses sont supposées se dérouler, selon le rapport du WaPo, si la Federal Aviation Administration donne son accord. Amazon a d'ailleurs commencé, mi-juin, à contacter des locaux dans un rayon de 6,5 kilomètres autour de la base des drones et de l'entrepôt dont il livrera les objets.

Les personnes qui acceptent de signer pourront commander parmi une sélection de produits de moins de 2,5 kilos que le drone, d'une envergure de près de 2 mètres et haut de 1,2 mètre, laissera choir à un endroit défini, depuis une hauteur d'un peu plus de 1 mètre.

Mais le futur que dessine Amazon ne semble pas exciter de manière égale tous les habitants de Lockeford, loin s'en faut. Beaucoup sont inquiets pour leur vie privée: les drones, bien sûr, devront être équipés de caméras permettant de suivre leurs trajets et de réussir leurs petites livraisons sans viser le toit d'une maison voisine.

«Je pense qu'ils vont tout saccager chez nous», confie cependant un habitant de la petite ville californienne au Washington Post. La firme, bien sûr, se veut parfaitement rassurante, notamment sur cette question des caméras et de la vie privée. Les drones ne capturent aucune image de leurs allers-retours, explique un porte-parole d'Amazon, qui ajoute que les données ne seront utilisées que pour la livraison et pour elle seule.

Selon lui, la livraison par drone nous semblera un jour aussi normale que le passage des petites camionnettes des postes. Le test mené à Lockeford devrait aussi permettre de créer des emplois dans la ville. Peut-être que chez les forces de police: «Si quelqu'un tirait sur l'un de nos drones, il serait hors-la-loi», se sent tout de même obligé de préciser le représentant de la firme.

D'autres jobs pourraient également être créés chez les soldats du feu du coin: les massifs drones de livraison d'Amazon ont connu quelques sérieux soucis de fiabilité et de sécurité lors des expérimentations, d'où, sans doute, leur retard, et leurs crashes ont à l'occasion provoqué des incendies plutôt conséquents.

Certains résidents ne sont pas totalement fermés à l'initiative d'Amazon, prise en charge par une équipe apparemment mise sous forte pression par les hautes sphères de l'entreprise –un échec pourrait signifier la fin pure et simple du programme.

D'autres s'inquiètent de ce mix étrange entre ruralité à l'américaine et futur dystopique. «J'ai beaucoup d'animaux d'élevage et de chevaux, et un drone pourrait facilement les effrayer, anticipe une propriétaire de ranch. Les chevaux peuvent courir directement à travers des fils barbelés ou n'importe quel type de barrière s'ils se sentent en danger. J'ai vu des chevaux se tuer de panique à la vue d'une montgolfière. Je détesterais assister à quelque chose de la sorte à cause de drones venant voler là où ils se trouvent.»

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