Un soutien public, l'implication des habitant·es, des panneaux photovoltaïques et beaucoup de volonté: c'est la formule de la transition participative. | EnerCit'IF
Un soutien public, l'implication des habitant·es, des panneaux photovoltaïques et beaucoup de volonté: c'est la formule de la transition participative. | EnerCit'IF
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EnerCit'IF veut mettre du soleil dans les compteurs parisiens

L'association souhaite offrir aux Parisiens et aux Parisiennes la maîtrise de leur transition énergétique.

Paris, dit-on, est la plus belle ville du monde. Elle n'est en revanche pas la plus ensoleillée: pour les acteurs privés, l'exploitation de centrales solaires y est donc difficile à rentabiliser. C'est pour cette raison que l'association EnerCit'IF a imaginé un modèle d'économie mixte et démocratique, qui associe autorités et population locales.

Patrick Gèze, soixante-quatre ans et une épaisse barbe blanche, est l'un des initiateurs du projet parisien. Cet ingénieur agronome à la retraite s'est d'abord rapproché du mouvement Energie Partagée, qui souhaite allier citoyens, associations et autorités pour favoriser le développement des énergies renouvelables en France. Et ça fonctionne: entre 250 et 300 centrales ont été installées dans toute la France ces dix dernières années.

«Je me suis dit: ce n'est pas tout d'en parler, il faut un projet d'énergie citoyenne à Paris», se souvient Patrick. En 2016, passant de l'idée à l'action, une dizaine de personnes créent l'association EnerCit'IF et soumettent un projet au budget participatif de la capitale.

À l'automne 2016, celui-ci est sélectionné et peut donc bénéficier d'un financement de la mairie. L'association passe rapidement à vingt, puis trente bénévoles.

Une interview de Patrick Gèze, disponible sur le site d'EnerCit'IF.

Associer collectivités et habitant·es

Les néons colorés du cinéma MK2 Quai de Loire se reflètent sur les eaux du canal de l'Ourcq, dans le 19e arrondissement de Paris. Ce lundi 17 février, dans les locaux du fournisseur d'électricité verte Enercoop se tient la réunion mensuelle plénière d'EnerCit'IF: c'est dans ces échanges que la philosophie du projet se révèle le plus précisément.

«Les collectivités tendent à penser qu'elles savent comment réaliser l'intérêt général; nous proposons de le réaliser ensemble. On peut donner plus de pouvoir de décision aux habitants, qui n'ont pas à être le dernier maillon de la chaîne», nous détaille Patrick Gèze.

Ainsi, si EnerCit'IF souhaite faire avancer la transition énergétique, l'association cherche aussi à ce que citoyens et citoyennes puissent se l'approprier. Et parce que, comme déjà expliqué, l'ensoleillement de Paris rend le marché peu intéressant pour les opérateurs privés, les habitant·es de la ville peuvent à leur place, et grâce au projet, prendre les choses en main.

Comment ça marche? | EnerCit'IF

«Nous proposons aux Parisiens et aux Parisiennes de devenir coproducteurs d'énergies renouvelables en association avec la collectivité, de faire un geste concret pour la transition énergétique, avec à terme une rémunération proche du livret A», résume Patrick Gèze.

La principale source de financement d'EnerCit'IF est publique, issue du budget participatif de la ville de Paris. La deuxième est privée: à partir de cent euros, avec un tarif réduit pour les bénéficiaires de minima sociaux, n'importe qui peut devenir actionnaire de la structure.

150.000 euros levés

En septembre 2018, une SAS coopérative est créée. Au terme de deux levées de fonds, la coopérative a obtenu environ 150.000 euros auprès de plus de trois cent personnes.

«Nous avons fait de nombreuses réunions publiques et communiqué sur internet. Mais le principal facteur de succès, c'est le relationnel. Nous avons bénéficié du bouche-à-oreille en partant du "premier cercle". C'est la combinaison des deux qui fonctionne», constate Patrick Gèze.

Patrick Chèze, chemise claire, avec une partie des équipes d'EnerCit'IF. | Antoine Tho

En combinant l'argent du budget participatif, ses capitaux propres et de la dette bancaire, EnerCit'IF a réuni les fonds nécessaires –plus d'1,350 million d'euros– pour installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de quinze bâtiments parisiens (9 centrales solaires sur les toits des établissements scolaires et 6 sur ceux de HLM).

EnerCit'IF sera l'opérateur des 15 centrales en développement qui, une fois installées, devraient générer environ 650 MWh chaque année à Paris. L'électricité produite sera revendue au fournisseur d'électricité Enercoop, à un tarif préférentiel. Cette activité doit générer 1,175 million d'euros sur vingt ans.

Défis managériaux et administratifs

Retour dans le XIXe arrondissement. «Il y a de moins en moins de lumière ici, c'est pour faire des économies d'énergie?», plaisante quelqu'un. Réparties autour d'une table en L et sur des gradins en bois, seize personnes –des jeunes comme des retraité·es– participent à la réunion plénière.

Les membres du «groupe projet» racontent leur visite d'un nouveau site potentiel pour une centrale solaire: l'école Lamoricière, dans le XIIe arrondissement de Paris. «Le problème, c'est que la toiture est déjà végétalisée», explique Hubert, cheveux gris peignés en arrière. Il détaille ensuite l'avancement des démarches administratives pour les autres centrales.

Elles n'ont rien de simple: EnerCit'IF se confronte logiquement à certaines lenteurs administratives. Ce qui n'empêche néanmoins pas les choses d'avancer: une pose symbolique de panneau photovoltaïque, en présence d'Anne Hidalgo, a eu lieu en 2019 au Collège Georges Brassens, dans le XIXe arrondissement, et de premières installations devraient être terminées dans le courant de l'été 2020.

Les choses sérieuses commencent.

«Par rapport au degré d'urgence dans lequel on se trouve, que ce soit aussi long et complexe d'installer quelques centrales solaires, c'est un peu décourageant», nous confie Patrick Gèze.

EnerCit'IF est confrontée à d'autres défis. D'abord, elle n'a pas de salarié·es: autour d'un noyau dur de trois personnes, elle ne dispose que d'une trentaine de bénévoles, avec des niveaux d'engagement très variables. «Nous avons besoin que les gens s'investissent dans la durée et dans la stabilité. Depuis peu, nous développons une vraie stratégie pour fidéliser les bénévoles», poursuit l'initiateur du projet.

La structure doit ensuite tenir sa promesse de fonctionnement démocratique. Jusqu'ici, deux assemblées générales se sont tenues, mais l'ensemble des actionnaires ne se sont pas déplacé. «On souhaite les impliquer réellement dans le processus de décision», nous détaille Patrick Gèze.

Alors qu'un paquet de mélange apéritif –bio, bien entendu– passe de main en main, ces points sont discutés quai de Loire, lors de la réunion plénière. Côté bénévoles, il est question de revoir l'organisation des groupes et de faciliter l'insertion des nouvelles recrues, via des référent·es. Côté actionnaires, Jean-Baptiste, pull gris et lunettes aux branches rouges, préconise au-delà des newsletters d'organiser des événements leur étant réservés, comme des projections-débats.

Les choses continuent donc à se mettre en place. Le soutien apporté à la transition énergétique, que ce soit par la mairie ou la région, ne devrait pas être remis en cause. EnerCit'IF semble donc promise à un avenir plutôt radieux.

Cet article vous est proposé par korii et Veolia dans le cadre de Green Mirror, un événement éditorial écrit et audio pour voyager dans le temps, prendre conscience et réfléchir sur les enjeux qui nous attendent collectivement face au changement climatique. Comment agir dès maintenant face à l'urgence?

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