Payer en faisant la grimace, c'est payer quand même; les pays les plus défavorisés n'ont pas ce luxe. | Claudio Schwarz via Unsplash
Payer en faisant la grimace, c'est payer quand même; les pays les plus défavorisés n'ont pas ce luxe. | Claudio Schwarz via Unsplash

L'hiver confortable des Européens, un désastre absolu pour les pays émergents

Notre continent a fait des réserves. D'autres vont en pâtir, longtemps.

On peut d'ores et déjà l'affirmer: l'Europe passera l'hiver, et tant pis si les factures sont élevées. Notre continent dispose de suffisamment de pétrole et de gaz pour arriver jusqu'au printemps. Selon Bloomberg néanmoins, ces provisions précautionneuses ne sont pas sans conséquence. Principales victimes: les pays les plus pauvres de la planète, à qui l'herbe a été coupée sous le pied.

Certains pays émergents ne savent pas si, demain, ils auront la possibilité d'avoir accès aux sources d'énergie dont ils ont besoin, ou si les réserves effectuées par l'Europe au nom de son confort risquent d'avoir un effet de confiscation.

Au-delà des risques immédiats, souligne le média américain, ces pays peuvent s'attendre à vivre des situations encore plus compliquées que d'habitude durant les dix prochaines années.

Si l'Europe passe ainsi devant d'autres, c'est parce qu'en dépit des coûts élevés qui l'attendent, elle est en mesure de régler les factures. Payer en faisant la grimace, c'est payer quand même; les pays les plus défavorisés n'ont pas ce luxe. Certains fournisseurs ont tout bonnement rompu des contrats signés de longue date afin de conclure des accords considérés à la fois comme plus sûrs et plus lucratifs.

Au Pakistan, au Bangladesh ou encore aux Philippines, les catastrophes naturelles qui se sont produites ces derniers mois ont plongé les populations dans un état de détresse avancée, et la pénurie d'énergie pourrait accroître la situation dramatique qui guette certaines régions.

Ces pays n'ont d'autre choix que de tenter de rivaliser financièrement avec, par exemple, l'Allemagne, pour tenter d'être livrés malgré tout. Des combats forcément déséquilibrés.

Sombres horizons

L'avenir plus lointain n'est pas davantage rose. Dans les pays cités précédemment, mais aussi en Inde ou en Thaïlande, on se trouve actuellement dans l'impossibilité de signer des contrats avec des fournisseurs d'énergie, qui refusent pour le moment de s'engager faute de visibilité. Aucun accord ne pourra visiblement être conclu avant 2025, voire 2026 –et encore, rien n'a été promis.

«Nous pensions que la crise se terminerait en fin d'année, mais ça n'est pas le cas», résume Kulit Sombatsiri, secrétaire du ministère thaïlandais de l'Énergie.

Cette crise de l'énergie ressemble actuellement à un tunnel dont bien des pays, surtout les plus pauvres, ne parviennent pas à entrevoir le bout. Elle est en train de rejaillir de plus en plus fortement sur l'activité de l'industrie locale, certains gouvernements envisageant de fermer purement et simplement des usines trop énergivores.

Selon Raghav Mathur, consultant pour le groupe de recherche énergétique Wood Mackenzie Ltd, il devrait s'écouler des années avant qu'un certain équilibre puisse être atteint, et que les pays émergents puissent renouer avec leur fonctionnement habituel en matière de fourniture et de consommation d'énergie.

L'analyste tient en tout cas à prévenir que pour ces pays en particulier, il faut s'attendre à au moins quatre années de prix très volatils –donc de grosses difficultés.

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