L'énergie solaire est rapidement en train de devenir l'une des sources d'électricité les moins coûteuses. Le prix des panneaux photovoltaïques, autrefois réservés aux portefeuilles bien garnis, a fortement baissé ces dernières années: selon les analystes de Wood Mackenzie, ils valent aujourd'hui près de 90% moins cher qu'il y a une décennie.
Les prix ont tellement baissé que le terrain sur lequel ils sont construits, ainsi que l'acier nécessaire à les monter, représentent désormais le gros du coût de revient d'un champ de panneaux solaires. C'est pourquoi lorsque Marc Perez, un doctorant de l'université de Columbia, a tenté d'imaginer le réseau électrique le moins cher possible, il s'est tourné vers le solaire.
Dans un article publié dans le journal scientifique Solar Energy, Perez propose une solution originale: gâcher de l'énergie. C'est une idée à contre-courant des méthodes habituelles des producteurs, qui tentent au maximum de réduire les coûts afin qu'in fine, leur produit soit le plus compétitif possible.
La surproduction ne coûte pas plus cher
Selon Perez, la surproduction de solaire ne coûte virtuellement rien. Contrairement à une centrale à charbon ou nucléaire, ou même à l'éolien, les panneaux solaires peuvent être facilement désactivés, en les couvrant par exemple.
Pour le chercheur, construire des champs solaires capables d'une production bien supérieure à la demande permettrait ainsi de compenser l'un des principaux défauts des énergies «vertes»: l'intermittence des conditions météo nécessaires à leur fonctionnement, que ce soit le vent ou l'ensoleillement.
La solution imaginée par Marc Perez suppose que cet excès puisse être modéré en «éteignant» les panneaux inutiles et en stockant suffisamment d'énergie pour pallier aux périodes de sous-exposition –la conservation de cette électricité intermittente est également un enjeu majeur pour le renouvelable.
Évidemment, cette solution a ses désavantages. La production de panneaux solaires n'est elle-même pas neutre sur le plan environnemental, et la question de leur recyclage se posera avec d'autant plus d'acuité qu'ils auront été installés en grand nombre.
De plus, ces gigantesques étendues réfléchissantes sont de véritables pièges à oiseaux, et tuent déjà des dizaines de milliers de volatiles par an.