Alors que le débat en France sur l'énergie éolienne s'anime, notamment après une tribune remarquée de l'incontestable spécialiste en la matière Stéphane Bern, une équipe allemande de recherche y ajoute une conséquence qui pourrait avoir de grandes répercussions sur l'avenir du secteur.
Les scientifiques du Helmholtz-Zentrum Hereon ont concentré leurs recherches sur les grandes fermes éoliennes offshore, considérées comme l'une des briques fondamentales de l'indispensable transition énergétique, et dont les projets se multiplient un peu partout dans le monde.
C'est précisément cette multiplication croissante et potentiellement anarchique que l'équipe remet en cause. Dans une étude dont les conclusions ont été publiée par Science Daily, elle montre qu'un trop grand nombre de turbines placées trop près les unes des autres peut perturber de manière importante la marche naturelle du vent en l'affaiblissant de manière très sensible.
L'impact n'a rien de néglieable, bien au contraire. Selon les modélisations que les scientifiques ont utilisées, basées sur la situation réelle en mer du Nord, cet effet de freinage pourrait se faire ressentir jusqu'à 35 ou 40 kilomètres autour d'une ferme éolienne offshore –voire jusqu'à 100 kilomètres dans certaines configurations.
Cercle vicieux
Les conséquences de ces perturbations sur l'efficacité desdites fermes géantes sont de taille. L'équipe menée par Naveed Akhtar explique que ce sont 20% de la capacité potentielle de production d'électricité qui s'envolent de la sorte.
Mais l'équipe va encore plus loin. Dommageables économiquement pour la production d'électricité renouvelable, ces perturbations peuvent aussi, selon leurs analyses, avoir un impact durable plus important qu'on ne le pense sur les écosystèmes marins entourant ces fermes offshore.
«Le vent et les vagues mélangent les composants de la mer», explique le communiqué de presse relatif à l'étude de Naveed Akhtar et al. «Cela modifie le contenu en sel et en oxygène de l'eau, sa température et la quantité de nutriments à certaines profondeurs.»
La même équipe cherche désormais à mieux comprendre ces impacts multiples, mais ses travaux et modélisations pourraient d'ores et déjà pousser le secteur de l'éolien à mieux planifier ses implantations pour maximiser leurs productions électriques respectives.