La variabilité naturelle des énergies renouvelables constituent un frein à leur universalisation: sans méthode valide de stockage de l'éolien ou du solaire, difficile d'assurer un équilibre constant entre production et consommation sur le réseau.
Force infinie et permanente, l'attraction terrestre est déjà à l'œuvre dans la technique du pompage-turbinage, expérimentée dès la fin du XIXe siècle. Celle-ci permet de stocker de l'énergie en pompant l'eau d'un cours d'eau ou d'un bassin, puis en la turbinant à nouveau si nécessaire.
Quelques start-ups du futur sont en train de réinterpréter la vénérable loi universelle de la gravitation de Newton pour l'adapter aux besoins des siècles à venir.
Elles font face à un concurrent de poids: les batteries lithium-ion, qui peuvent également aider au stockage temporaire d'énergie mais restent coûteuses à produire, s'usent avec le temps et sont loin d'être neutres sur un plan écologique.
Tour monumentale
L'une de ces entreprises, basée en Suisse, se nomme Energy Vault. Mélange de Tetris et de Minecraft, sa solution est à la fois spectaculaire et ludique: une tour en Lego géante et en perpétuel mouvement, qui rend possible le stockage d'éventuels surplus d'électricité.
Dans son prototype, six grues soulèvent des blocs de 35 tonnes grâce à l'excédent d'électricité, puis en font une tour d'environ 120 mètres de haut. En cas de besoin, analysé par une IA ad hoc, ces mêmes bras robotiques extraient des blocs de ladite tour puis les font redescendre jusqu'au sol. L'énergie cinétique créée produit alors de l'électricité, qu'il ne reste plus qu'à injecter dans la grille.
Selon Energy Vault, une vingtaine de ces tours permettrait d'alimenter l'équivalent de 40.000 foyers sur une durée de 24 heures, pendant quarante ans, avec des coûts relativement faibles. La start-up a déjà procédé à de belles levées de fonds: en août 2019, Soft Bank a par exemple investi une centaine de millions d'euros.
The Wall Street Journal mentionne d'autres entreprises aux visées identiques mais aux techniques parfois différentes. Implantée à Édimbourg, Gravitricity veut elle aussi appliquer la gravité à un système de poids, sauf qu'elle prévoit d'enterrer son système dans des mines désaffectées –elles sont nombreuses.
L'Allemande Gravity Energy AG souhaite pour sa part généraliser le principe du pompage-turbinage en creusant sous terre, pas uniquement en zone vallonnée, des installations hydroliques de la surface d'un terrain de football. Ce type de solution est aussi étudié de près au Maroc, notamment par Asmae Berrada, ingénieure à l'université de Rabat.