Mieux exploiter l'existant, c'est possible, et ça paie. | Dan Meyers via Unsplash
Mieux exploiter l'existant, c'est possible, et ça paie. | Dan Meyers via Unsplash

Comment rétrofiter les barrages pour répondre à la crise énergétique

Plutôt que d'en construire de nouveaux, désastreux pour l'environnement, rendons les anciens plus productifs.

En juin 2021, la Chine inaugurait le barrage de Baihetan sur le fleuve Yangzi, qui deviendra à terme la plus grande centrale hydroélectrique au monde: huit millions de mètres cubes de béton coulés dans la montagne.

Au total, on compte aujourd'hui plus de 58.000 grands barrages à travers le monde, selon la base de données de la Commission internationale des grands barrages. Ces gigantesques ouvrages génèrent 70% de l'électricité renouvelable dans le monde et contribuent ainsi à décarboner l'électricité.

Sauf que les barrages présentent aussi de nombreux inconvénients: ils déplacent des milliers de personnes lors de la construction, perturbent le milieu naturel, endommagent la faune et la flore et relâchent des gaz à effet de serre lorsque la matière organique des zones inondées se décompose.

Sans compter les conflits possibles dans la gestion de l'eau, comme avec le barrage de la Renaissance sur le Nil, où l'Égypte et le Soudan accusent l'Éthiopie de vouloir les assécher.

De plus, le nombre d'endroits propices à l'installation de nouveaux barrages n'est pas illimité. En France, par exemple, le territoire est déjà complètement saturé.

Trésors insoupçonnés

Il existe pourtant une solution facile pour augmenter la production électrique sans nuire à l'environnement: rétrofiter les barrages existants afin de les transformer en barrages électriques.

Il faut savoir que la majorité des barrages sont construits à des fins d'irrigation: pour constituer un réservoir d'eau, contrôler un cours d'eau ou créer une base de loisirs. En ajoutant de petites turbines et un générateur à ces barrages, on pourrait fournir de l'électricité aux communautés locales ou les connecter au réseau, suggère Wired.

Cette idée a fait l'objet d'une étude parue en novembre dans la revue Environmental Research Letters, qui montre que l'on pourrait générer 78 gigawatts supplémentaires en améliorant les barrages hydroélectriques existants –l'équivalent de sept fois la production électrique du barrage géant de Belo Monte au Brésil, l'un des plus grands au monde.

Dans le bassin du Mékong, le rétrofit pourrait à lui seul générer deux fois plus d'électricité que tous les barrages actuellement planifiés, note l'étude. Et malgré un coût global de 238,3 milliards de dollars (210,7 milliards d'euros), cela resterait moins cher que de construire de nouveaux barrages d'une capacité équivalente.

Aux États-Unis, trente-six barrages ont ainsi été rétrofités depuis 2000, de quoi générer 500 mégawatts d'électricité supplémentaire. En Europe, où il est pratiquement impossible de construire de nouveaux barrages, le rétrofit est même la seule option pour augmenter la capacité hydroélectrique, souligne Wired.

Il n'est cependant pas toujours aisé de procéder à la transformation. Certains barrages sont tout simplement mal positionnés, ont un réservoir insuffisant ou ne peuvent pas être utilisés sous peine de priver d'eau les agriculteurs qui misent dessus.

Aujourd'hui, la tendance est plutôt à démolir les vieux barrages. En 2018 et 2020, les barrages de Vezins et de La Roche-qui-Boit en Normandie ont ainsi été détruits afin de redonner à la rivière son aspect initial. Retour à la nature ou production d'énergie propre demeure le dilemme qui agite la communauté écologique.

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