«Nous ne pouvons pas gagner les guerres technologiques sans l'aide du gouvernement fédéral.» Dans un édito publié par le New York Times, Eric Schmidt –qui dirige désormais la National Security Commission on Artificial Intelligence et le Defense Innovation Board– demande au gouvernement de soutenir davantage la recherche.
Tout en saluant le dynamisme du secteur privé, l'ancien patron de Google affirme qu'il n'y a pas d'innovation sans aide de l'État. Il rappelle au passage que ses propres projets de recherche en informatique, dans les années 1970 et 1980, ont bénéficié de financements de la NSF et de la DARPA.
Selon Schmidt, «les Américains –y compris les dirigeant·es de la Silicon Valley– se sont trop reposés sur le secteur privé pour assurer le leadership mondial des États-Unis dans les nouvelles technologies.» Or, si la Chine ravissait cette place, les implications en matière de sécurité nationale et d'économie seraient très problématiques, assure-t-il.
Un plan de bataille
«La Chine compte [...] deux fois plus de superordinateurs et [...] quinze fois plus d'antennes 5G déployées que les États-Unis. Si les tendances actuelles se poursuivent, les investissements globaux de la Chine dans la recherche et développement devraient dépasser ceux des États-Unis d'ici dix ans, au moment où son économie devrait devenir plus grande que la nôtre», prévient Schmidt.
Eric Schmidt pense que le gouvernement américain devrait soutenir en priorité les technologies ayant des implications concernant la sécurité nationale. Il propose plusieurs pistes: doubler les investissements actuels du gouvernement américain dans l'IA et dans le quantique et les étendre à d'autres secteurs non-militaires émergents et accroître le budget recherche et développement du Pentagone en font partie.
Mais encore préconise-t-il de favoriser l'émergence d'un concurrent américain de Huawei; développer les partenariats entre le gouvernement américain et les entreprises, ainsi que les financements innovants pour la recherche; améliorer la formation et l'attractivité du secteur de la recherche pour attirer les talents étrangers. Enfin, il insiste sur la nécessité de réguler l'utilisation de l'IA pour répondre aux attentes des citoyen·nes.
Pour Schmidt, l'enjeu est aussi celui d'un modèle de société. «Les Américains devraient se méfier d'un monde façonné par la vision chinoise de la relation entre la technologie et la gouvernance autoritaire. Les sociétés libres doivent prouver la résilience de la démocratie libérale face aux changements technologiques qui la menacent», prévient-il.