Le module Chang'e-5 à son retour sur Terre. | STR / AFP
Le module Chang'e-5 à son retour sur Terre. | STR / AFP

Fusion nucléaire, régolithe et hélium-3: pourquoi la Chine veut conquérir la Lune

Le sol lunaire pourrait être précieux pour l'avenir du pays –voire du monde.

Et si l'avenir du monde, à commencer par celui de la Chine, était assoupi depuis des millions d'années à la surface de la Lune? C'est ce qu'explique un article du Wall Street Journal, qui détaille les grands progrès de l'empire du Milieu dans sa conquête spatiale, et précise la raison pour laquelle le pays semble à ce point obsédé par un retour sur la Lune.

Les dernières années ont été, en orbite comme sur Terre, la parfaite illustration de la vitesse à laquelle la Chine semble vouloir rattraper les puissances scientifiques et militaires rivales, à commencer par les États-Unis.

Pékin lance sans compter (et parfois sans peur des conséquences) des fusées Long March qui ne cessent de progresser; militarise l'espace et offre au passage de véritables frayeurs au Pentagone; s'est récemment dotée de sa propre station spatiale, désormais habitée; a réussi à poser sur Mars un rover de sa conception ou un autre, pour la première fois dans l'histoire, sur la face cachée de la Lune.

Bref, la Chine s'active, et le fait vite. Mais dans cette myriade de projets, l'un d'entre eux semble avoir le potentiel de bouleverser plus profondément les choses: l'exploitation du régolithe lunaire.

Cette fine poussière recouvrant notre satellite pourrait contenir d'importantes quantités d'un isotope rare sur Terre aux promesses infinies bien que complexes quant à la fusion nucléaire, l'hélium-3, ou 3He.

C'était l'un des buts principaux de la mission Chang'e-5: se poser sur la surface de notre satellite, y emprunter quelques grammes de régolithe puis le ramener sur Terre, un exploit technologique qui n'avait pas été accompli depuis 1976 et la Luna-24 des soviétiques.

Éclair de la Lune

Le 1er décembre 2020, la sonde chinoise a au total réussi à rapporter sur le plancher des vaches terrestres un peu plus de 1,7 kilo de poussière lunaire. Mais, comme l'explique le Wall Street Journal, c'est une minuscule portion de cette jolie prise qui intéresse aujourd'hui les scientifiques du Beijing Research Institute of Uranium Geology (BRIUG): un caillou d'environ 50 milligrammes, soit la taille d'une lentille, qui contiendrait un peu de précieux hélium-3.

Bien qu'une partie du corps scientifique pense impossible en pratique d'utiliser l'hélium-3 à des fins de fusion nucléaire, un graal énergétique propre et infini, d'autres nations ont déjà étudié l'isotope pour ses propriétés intéressantes, et le travail continue partout dans le monde. C'est ainsi sur le 3He que la start-up Helion, dont nous vous parlions il y a quelques semaines, fait reposer ses folles promesses.

Si le sol lunaire, à l'inverse de celui de la Terre, contient potentiellement autant d'hélium-3, un sous-produit de la combustion du soleil, c'est parce que le satellite n'est protégé par aucune magnétosphère, au contraire de la planète autour de laquelle il tourne.

Mais les recherches chinoises en la matière n'en sont qu'à leurs balbutiements. Et il reste une question, de taille: s'il s'avérait que l'hélium-3 extrait du régolithe lunaire pouvait alimenter des centrales à fusion sur Terre, comment aller le récolter? «Aucun élément quant à ces opérations n'a été encore imaginé», explique au WSJ le chercheur Joseph Michalski.

Mais si la Chine a, en quelques années seulement, été capable de se lancer dans un tel programme spatial, qui dit qu'elle ne serait pas capable en un laps de temps record de mettre en place une armée de robots capables d'aller miner la Lune? L'exploit serait à la mesure de son développement économique fulgurant, et de la place géopolitique centrale qu'elle a prise sur Terre.

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