En Chine, l'industrie spatiale ne cesse de prendre de l'ampleur. Le secteur a vu débarquer de nombreuses entreprises privées depuis 2014 et la construction de la station spatiale chinoise avance à grand pas, le premier module de propulsion ayant réussi ses premiers essais. En un mot, le New Space a pris ses quartiers dans l'Empire du Milieu.
Une enquête et des documents obtenus par Quartz laissent entendre que pour réaliser ses ambitions et combler l'écart avec les États-Unis, le pays se livre à l'espionnage et au vol industriel.
Micropuces sous le manteau
Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) fait la chasse aux intermédiaires tentant de faire passer, en contrebande, des composants sensibles de missiles et de vaisseaux en Chine.
Deux années d'enquête et d'infiltration ont été nécessaires pour coincer Pengyi «Jacky» Li, un ressortissant chinois arrêté à la fin du mois d'août. Selon Quartz, un agent de la DHS a trompé Li en lui proposant d'acheter des capteurs et micropuces destinées à une utilisation spatiale pour plus de 150.000 dollars [135.000 euros].
Aux États-Unis, les pièces en question ont été interdites à la vente à des entreprises chinoises, notamment parce qu'elles peuvent servir à la fabrication de satellites et de missiles militaires.
Quartz a pu consulter les documents de neuf procédures judiciaires liées à des cas similaires. Le scénario est généralement le même: une entreprise spatiale américaine signale la présence d'un individu suspect parmi sa clientèle, un agent de la DHS sous couverture le berne et il est appréhendé. Problème: le commanditaire, en Chine, est rarement identifié.
De la copie au leadership
Si la Chine est encore à la traîne dans ses connaissances spatiales, la situation évolue rapidement. Longtemps considéré comme le roi de la copie en matière technologique, le pays est désormais en train de devenir l'un des leaders mondiaux de l'innovation.
Dans son nouveau livre Tech Titans of China, la journaliste américaine Rebecca Fannin souligne l'émulation entrepreneuriale sans précédent et les moyens colossaux engagés par le gouvernement chinois pour tenter de se poser comme un champion mondial de la technologie –le but étant, comme l'une de ses sources l'affirme, que la Chine parvienne à «voler son repas à la Silicon Valley».