Deux cent trente-cinq mille dollars, soit 211.000 euros: c'est le montant de la taxe sur les satellites, calculée par des économiste de la University of Colorado Boulder et destinée à régler, une bonne fois pour toutes et avant qu'il ne dégénère, le problème des débris spaciaux.
Celui-ci sera crucial, voire vital, dans un avenir très proche. L'orbite terrestre, en particulier son orbite basse, est déjà bourrée de space junk. Ces déchets de tailles et de natures diverses, laissés là par les activités humaines (satellites en fin de vie ou détruits à dessein, notamment), tournent à une vitesse de 28.000 kilomètres par heure en moyenne.
Qu'ils soient constitués de poussière ou d'un bout de carlingue plus volumineux, ils représentent chacun un danger existentiel pour tout nouvel objet propulsé dans l'espace –des satellites à plusieurs dizaines de millions de dollars aux capsules habitées, notamment par des touristes ne souhaitent probablement pas finir en miettes orbitales.
Le coût d'accès toujours plus bas à l'espace provoque une multiplication des projets. Les 42.000 mini-satellites que le très décrié Starlink d'Elon Musk projette de faire tourner autour de la Terre pour lui offrir un accès global à internet ne sont que la partie émergée d'un iceberg appelé à révéler son ampleur.
La désorbitation a de la valeur
Si des projets existent pour augmenter la réparabilité de ces engins célestes, les économistes américain·es notent qu'il serait préférable de ne pas se retrouver dans une situation où le chat court après la souris en ce qui concerne les pollueurs de l'espace, comme cela peut être le cas pour les océans par exemple.
«Aucune de ces approches ne règle le problème sous-jascent», note Matthew Burgess, co-auteur de l'étude, repris par Fast Company. Des solutions techniques pourraient s'avérer contre-productives et agraver le problème en incitant les acteurs à envoyer toujours plus d'orbiteurs, provoquant davantage d'accidents.
Les taxer constituerait au contraire une incitation à la réflexion, ainsi qu'une barrière financière supplémentaire à l'entrée sur le marché spatial de petits acteurs. Les sommes levées pourraient servir à régler collectivement la note lorsqu'un nettoyage s'imposerait en facilitant sa mise en œuvre ou pourraient être mobilisées en cas d'incident.
Appliqué non aux lancements mais à l'utilisation d'une orbite, cet impôt nouveau serait associé à des obligations plus cadrées en matière de désorbitation des objets spatiaux. Pour fonctionner, il devrait être adopté par l'ensemble des nations comme peuvent l'être certaines taxes environnementales ou sur la pêche.
«L'industrie spatiale relativement jeune a tout intérêt à éviter les coûts des débris spatiaux avant même qu'ils ne grimpent», explique Burgess. Le jeu en vaut la chandelle: selon ces économistes, un ciel plus propre et moins risqué en matière de collisions pourrait permettre au secteur de quadrupler en valeur en vingt ans seulement.