La NASA est en train de mettre au point une méthode qui pourrait permettre de construire des télescopes jusqu'à 100 fois plus grands que le télescope spatial James Webb (JWST), le plus puissant à ce jour.
Et en matière de télescope, plus c'est grand, mieux c'est. Les modèles les plus massifs sont capables de recueillir davantage de lumière, permettant de de voir des objets plus petits, plus sombres et plus éloignés de nous.
Seul problème: plus la taille augmente, plus le processus devient coûteux, au niveau financier comme logistique. Pour référence, le JWST a coûté pas moins de 10 milliards de dollars. Une somme faramineuse qui s'ajoute à la nécessité de plusieurs mois de travail pour ne serait-ce qu'aligner les différents segments des miroirs qui le composent.
Autre souci: aucune fusée n'est actuellement capable de mettre en orbite un engin de cette taille. Par comparaison, celle du James Webb correspond à peu près à un terrain de tennis. La fin de son assemblage a donc dû s'effectuer directement dans l'espace.
Dans une de ses dernières publications, la NASA avance de nouveaux éléments de réponse sur le possible avenir des télescopes. Contrairement aux autres matières, les liquides ont une tension superficielle, c'est-à-dire qu'une force semblable à un élastique les maintient ensemble à leur surface.
C'est ce phénomène qui maintient les petites gouttelettes d'eau en suspension lorsqu'il pleut, jusqu'à ce que la force de gravité devienne trop forte et qu'elles tombent sous leur propre poids.
Fi de la gravité
Chance pour les astronomes, la gravité n'est pas un si grand problème dans l'espace, et la taille maximale théorique d'une gouttelette est infinie –ce qui peut d'ailleurs poser quelques problèmes dans les toilettes de l'ISS.
S'appuyant sur ces caractéristiques, la NASA tente de fabriquer des outils optiques de haute précision à l'aide de liquides, afin d'imaginer un nouveau type de télescope.
L'expérience de télescope liquide, nommé «FLUTE» pour Fluidic Telescope Experiment, a été menée à deux reprises lors de vols ZeroG. Au total, ils ont pu la tester plus de 50 fois, profitant des quelques secondes d'apesanteur créées par les chutes libres.
À l'aide d'un seau rempli d'eau, l'équipe a réussi à fabriquer des lentilles avec «une qualité de surface exceptionnelle, comparable ou même meilleure que celle réalisable avec les meilleures méthodes de polissage». Le tout, en un temps record.
Un astronaute va maintenant tester cette technique en conditions réelles pendant la mission privée Ax-1, partie le 8 avril vers la Station spatiale internationale. À bord, Eytan Stibbe tentera de mettre au point une lentille à partir de polymères liquides qui la durcissent à la lumière ultraviolette –un processus étrangement similaire à la pose d'ongles semi-permanents en acrylique. Si l'expérience aboutit, ce sera la première fois qu'un composant optique est fabriqué dans l'espace.