Un poids de plus de 6 tonnes, un investissement de 8,5 milliards d'euros, des centaines de scientifiques issu·es de vingt-quatre pays, trois agences spatiales (la NASA, les agences européenne et canadienne) travaillant en collaboration pendant vingt-quatre ans… C'est dire si le télescope James Webb, du nom d'un ancien administrateur de la NASA, cumule les superlatifs.
Après de nombreux reports, l'appareil est censé quitter la Terre dans un peu plus d'un an, le 30 mars 2021, depuis le Centre spatial guyanais.
Propulsé en orbite à 1,5 million de kilomètres de notre planète, James Webb sera alors capable d'observer 13,7 milliards d'années dans le passé, soit une fraction de seconde après le Big Bang.
Entre autres missions, les scientifiques espèrent pouvoir détecter des traces de la lumière infrarouge des premières étoiles et galaxies qui se sont formées lorsque l'Univers a quitté son état de plasma.
Interrogations métaphysiques
Le télescope sera en mesure d'analyser la composition atmosphérique de petites exoplanètes, afin de déterminer si celles-ci peuvent –ou ont pu– héberger une forme de vie.
Pour Scott Willoughby, directeur du programme chargé de la création de James Webb, ces observations apporteront peut-être une réponse à deux questions essentielles de l'humanité: «D'où venons-nous et sommes-nous seuls dans l'Univers?»
John Mather, qui travaille également sur le télescope, partage cet avis: «Les gens sont fascinés par l'histoire, leur généalogie. Ils veulent comprendre.»
Mais les observations faites par James Webb pourraient aussi avoir des répercussions bien plus pratiques. «L'une des meilleures manières de comprendre la Terre est de s'intéresser à d'autres planètes. Si l'on pouvait retracer l'histoire de Vénus ou de Mars, par exemple, cela nous donnerait les clés pour comprendre comment préserver notre environnement terrestre», affirme John Mather.
Une fois en orbite, le télescope devrait continuer à fonctionner pendant quatorze ans. Une équipe du Centre de vol spatial Goddard de la NASA travaillerait déjà à un prototype de robot pour son éventuel ravitaillement en carburant, ce qui permettrait d'étendre encore un peu plus sa mission d'observation.