Depuis dix ans, la navette spatiale X-37B effectue discrètement des vols dans l'orbite basse de notre planète pour y conduire des expérimentations secrètes. À l'approche de sa sixième sortie, prévue ce 16 mai, l'US Air Force a néanmoins dévoilé quelques informations sur sa nouvelle mission.
Celle-ci consistera à placer un panneau photovoltaïque en orbite basse; un module convertira l'électricité générée en micro-ondes, qui seront transmises jusqu'à la Terre via un câble –et non pas une antenne, pour éviter d'interférer avec les autres projets.
X-37B lancera également un satellite de recherche et embarquera quelques expériences moins confidentielles.
À la différence d'un panneau solaire terrestre, un panneau spatial est exposé au soleil presque en permanence. À condition de pouvoir acheminer l'énergie sur Terre, l'approvisionnement en électricité qu'il fournit est quasi constant.
Il s'agit là d'un avantage important par rapport aux panneaux terrestres, qui ne peuvent fonctionner la nuit, subissent les aléas de la météo et sont donc considérés comme des sources d'énergie intermittentes.
Défis de taille
Le premier à avoir formulé cette idée est le géant de la science-fiction Isaac Asimov, dans les années 1940. La conversion de l'énergie solaire en micro-ondes a déjà été expérimentée sur le sol terrestre, mais c'est la première fois qu'elle sera testée en orbite. Le module dit «en sandwich» de l'armée, en trois parties, a été prototypé en 2014.
Avant d'envisager sérieusement le solaire spatial, plusieurs défis doivent être surmontés, au premier rang desquels la grande taille des panneaux, dont l'acheminement dans l'espace risque d'être coûteux.
La température du panneau solaire peut en outre approcher des 150°C, tandis que les circuits du satellite doivent être maintenus tout juste au-dessus de 0°C. Pour l'expérience de la navette X-37B, il a donc fallu isoler l'électronique de la partie abritant le panneau.
En cas de test concluant, le lancement d'un véritable prototype de centrale solaire spatiale pourrait être envisagé. Un programme à 100 millions de dollars [92 millions d'euros] du laboratoire de recherche de l'US Air Force planche déjà dessus.
«Avec les réductions de coûts spectaculaires offertes par le lancement de l'énergie renouvelable de l'espace, l'énergie solaire spatiale pourrait bien devenir la source d'électricité décarbonée la moins chère», prophétise Ian Cash, directeur de l'International Electric Company Limited, qui développe la plateforme spécialisée CASSIOPeiA.