Le 12 novembre, nous rapportions l'information de Bloomberg selon laquelle des officiels américains avaient briefé, de manière encore informelle, leurs homologues européens sur les possibles velléités d'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L'Occident a vivement réagi à ce premier chiffon rouge, prévenant qu'une attaque de son allié de l'Est était une ligne rouge à ne pas franchir, Emmanuel Macron faisant notamment part à Vladimir Poutine de la volonté de la France de «défendre l'intégralité territoriale de l'Ukraine».
Il est difficile de juger des réelles intentions de Moscou, qui a déjà procédé à des amassages de troupes à la frontière ukrainienne pour faire monter la pression sur ce voisin qu'elle convoite sans équivoque depuis l'annexion de la Crimée en 2014, et contester son rapprochement avec l'OTAN ou les manœuvres occidentales en mer Noire.
D'après Bloomberg encore, le renseignement américain n'en démord pourtant pas et a précisé la nature des menaces, en présentant à certaines nations alliées des cartes et plans détaillés de ce que pourrait être l'opération d'invasion menée par le Kremlin.
Pression croissante
Selon les informations distillées par les États-Unis et rapportées par Bloomberg, une invasion de grande ampleur pourrait avoir lieu dès le début de l'année prochaine. Elle pourrait se faire depuis plusieurs points, notamment la Crimée et la Biélorussie, déjà au cœur ces dernières semaines d'une explosive crise migratoire que d'aucuns considèrent téléguidée par Moscou.
Bloomberg rapporte ainsi que 100 bataillons, soit une centaine de milliers de soldats, seraient prêts à s'engager dans des manœuvres invasives en terrain difficile et par conditions froides.
Tout indiquerait la volonté de s'installer pour une occupation prolongée des territoires conquis, avec l'appui de réservistes discrètement rappelés par Moscou. La moitié de ces bataillons seraient déjà sur le pied de guerre, et un soutien aérien serait au programme.
Cette vaste armée pourrait compter sur des matériels laissés sur place lors de précédentes manœuvres du même type, au printemps 2021. Mais si les plans semblent établis et les troupes prêtes, les officiels américains précisent qu'ils ne connaissent pas les réelles intentions de Vladimir Poutine, sinon qu'il souhaite être tout à fait prêt à déclencher le conflit s'il le considérait comme inévitable.
Un porte-parole du Kremlin a parlé d'une «hystérie artificiellement montée de toutes pièces» en commentant les déclarations du patron des renseignements ukrainiens, qui expliquait il y a quelques jours au Military Times que l'invasion aurait lieu dès fin janvier.
La Russie s'évertue ainsi à expliquer que ce qui se passe sur son territoire ne regarde qu'elle. Elle continue néanmoins à poser sans grande discrétion les détonateurs d'un possible conflit de grande ampleur, afin de garder le bloc occidental sous pression.