Quelques discussions piquantes risquent de tendre les relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis ces prochains jours. Washington a en effet dû faire décoller deux F-22 jeudi 2 février pour intercepter un engin mystérieux, qui s'est révélé être un ballon espion chinois, passant au-dessus du Montana, dans le nord-ouest du pays.
L'information a initialement été révélée par NBC News. «Le gouvernement des États-Unis a détecté et surveille un ballon de surveillance à haute altitude qui survole le continent en ce moment-même», expliquait le général Patrick S. Ryder, porte-parole du Pentagone, à la chaîne américaine jeudi, ajoutant que l'objet volant indésirable était désormais surveillé par le pays.
Le ballon en question, est-il indiqué, a été repéré au-dessus de la ville Billings (Montana). Il semble avoir voyagé au-dessus des îles Aléoutiennes, au sud-ouest de l'Alaska, puis avoir survolé le Canada avant d'arriver dans le Montana. Sa position actuelle n'a en revanche pas été précisée.
La menace a été prise suffisamment au sérieux pour que les plus hauts gradés et responsables de la défense américaine se réunissent en urgence. Le secrétaire d'État à la Défense, Lloyd Austin, le commandant du comité des chefs d'état-major interarmées, le général Mark Milley, le patron du commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (Norad), le général Glen VanHerck, se sont ainsi retrouvés pour discuter de la situation.
Scramble! Scramble!
Si des F-22 Raptor ont décollé en urgence depuis la Nellis Air Force Base (Nevada), perturbant quelque temps le trafic aérien, la décision a toutefois été prise de ne pas abattre le ballon immédiatement, les risques pour les populations et installations au sol ne pouvant être tout à fait écartés.
«Clairement, l'objectif du ballon est la surveillance, et son schéma de vol actuel lui fait survoler un certain nombre de sites sensibles», a affirmé un officiel américain, ainsi que le rapporte Business Insider, soutenant toutefois qu'il n'apporte pas grand-chose de plus à la Chine que ses satellites en basse orbite. «Nous avons néanmoins pris les mesures nécessaires par excès de précaution.» Des bases abritant des missiles intercontinentaux Minuteman III, dans le Montana ou le Colorado, font partie des cibles d'observation potentielles de ce ballon, dont l'origine chinoise semble ne faire aucun doute.
Selon l'officiel, l'engin est désormais suivi minute par minute, et des mesures ont été prises pour l'empêcher de regarder ce que les États-Unis ne voudraient pas qu'il regarde. Il ne semble ainsi pas exclu qu'il soit abattu si les conditions de sécurité sont réunies pour qu'il ne provoque aucun dégât en tombant au sol.
La présence d'un tel ballon espion n'est pas exceptionnel: la chose a été rapportée plusieurs fois ces dernières années, y compris sous l'administration Trump. Les pontes du Pentagone exposent néanmoins qu'il est inhabituel qu'un tel indésirable reste si longtemps en vol au-dessus du pays.
De plus, tôt le matin de ce vendredi 3 février de ce côté de l'Atlantique, les autorités américaines et canadiennes, notamment le Norad, s'intéressaient à un second objet volant vaguement identifié, survolant le Canada. Il a été confirmé un peu plus tard qu'il s'agissait d'un autre ballon, vraisemblablement chinois lui aussi.
NORAD and the Canadian DoD has Confirmed that a 2nd Balloon is currently being tracked somewhere over Canada.
— OSINTdefender (@sentdefender) February 3, 2023
Ces incidents interviennent à un moment de grandes tensions entre les deux puissances, notamment autour de Taïwan et de sa possible attaque prochaine par les forces de Pékin –le général américain Michael Minihan estime que la Chine pourrait envahir le petit État insulaire dès 2025–, et des activités d'expansion agressive du pays en mer de Chine méridionale.
Lors de l'alerte, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin était en voyage officiel dans les Philippines, avec lesquelles il négociait un accès étendu aux bases militaires en vue de renforcer la présence américaine dans la zone, justement en prévision d'une éventuelle confrontation.