Des clichés de vous ou de vos enfants ont peut-être déjà été ajoutés aux bases de données de start-ups peu scrupuleuses. | Sharon McCutcheon via Unsplash
Des clichés de vous ou de vos enfants ont peut-être déjà été ajoutés aux bases de données de start-ups peu scrupuleuses. | Sharon McCutcheon via Unsplash

Grâce à Fawkes, trompez la reconnaissance faciale

Le logiciel, qui transforme subtilement vos photos, a été téléchargé plus de 50.000 fois en moins de deux semaines.

Pouvoir associer une simple photo à un compte sur les réseaux sociaux: l'idée est folle et effrayante. Il s'agit pourtant de la prouesse technologique de Clearview AI. La start-up américaine affirme disposer de plus de trois milliards de photographies, qu'elle a plus ou moins légalement glanées sur le web, et être capable de les relier aux identités des personnes concernées.

C'est pour contrer Clearview AI –ou d'autres officines du même type– qu'est né le logiciel Fawkes. Il permet de modifier de façon subtile et imperceptible une image, de sorte qu'elle ne puisse pas être rattachée à un visage sur une autre photo. Mis au point par une équipe de l'université de Chicago, l'outil est librement disponible sur internet; une application est également en préparation.

Le principe de Fawkes –qui tire son nom de Guy Fawkes, dont le masque est devenu célèbre– est simple: il retouche très légèrement les traits principaux du visage afin de tromper la reconnaissance faciale. Le procédé s'appuie sur une base de données contenant des visages de célébrités.

Par souci d'efficacité, Fawkes a recours à des clichés de personnalités possédant des caractéristiques physiques opposées à celles dont la photographie doit être modifiée. Avec force schémas explicatifs, le New York Times prend l'exemple de Gwyneth Paltrow, dont les traits sont subtilement mêlés à ceux de Patrick Dempsey.

Mission impossible?

Mais ce qui fait l'originalité du logiciel fait aussi sa faiblesse. En utilisant des visages de stars ressemblant très peu aux photographies originales, les images s'en trouvent étrangement transformées.

Kashmir Hill, journaliste au New York Times, a fait le test sur ses propres photos: «Les changements apportés à [mes] photos sont visibles à l'œil nu. Sur les images modifiées, j'ai l'air morte, ma fille de 3 ans a du duvet sur le visage et mon mari a l'air d'avoir un œil au beurre noir.»

Ces imperfections, promettent les scientifiques, devraient être corrigées dans les prochaines versions du logiciel –ce qui n'empêche pas les spécialistes de rester sceptiques quant à la réussite de Fawkes. Le nombre d'images déjà présentes sur internet est considérable, et il serait impossible pour un logiciel de les retoucher toutes pour les rendre inutilisables par les outils de reconnaissance faciale.

«Il est certainement trop tard pour perfectionner et déployer une technologie comme Fawkes à grande échelle», confirme Hoan Ton-That, cofondateur de Clearview AI. L'entrepreneur ajoute qu'un logiciel comme celui-ci pourrait paradoxalement contribuer à renforcer la capacité de la reconnaissance faciale à passer outre ces techniques de modification.

L'efficacité de Fawkes étant discutée, Emily Wenger, une doctorante ayant participé à la création de l'outil, préconise pour sécuriser ses images en ligne une double approche, mélangeant technologie et moyens juridiques.

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