On peut bien sûr ne voir en la Formule 1 que ce qu’elle est aussi: un sport mécanique viriliste, une compétition de milliardaires pour beaufs en SUV, une aberration écologique à une époque où la transition énergétique est un besoin vital, une procession soporifique de petits bolides qui font «vroum vroum» en ne se dépassant qu’exceptionnellement, le plus souvent quand le téléspectateur ou la téléspectatrice est plongée dans la phase de sa sieste la plus profonde.
On peut aussi voir dans la discipline reine des sports à roues une avant-garde technologique dont les implications vont bien au-delà du simple secteur automobile –notons tout de même que les moteurs hybrides qui animent ces voitures sont les plus efficients au monde, ce qui n'est pas sans incidence sur la consommation des automobiles de série de madame ou monsieur Tout-le-monde.
Ainsi du travail de Williams Advanced Engineering, structure d’ingénieurs et ingénieures directement liée à la vénérable écurie Williams F1. Un article d’Autosport explique certains des succès hors-automobile de la société, qui compte environ quatre-vingts âmes. La publication britannique s'appuie sur l'exemple de petits «aerofoils», un système inspirés par le travail sur l'aérodynamie de l’écurie de F1 sur les ailerons avant de ses bolides et qui, installés sur les réfrigérateurs des supermarchés, permettent de réduire leur consommation de 40%.
Autre exemple, militaire cette-fois: les recherches de Williams F1 en matière de dynamique des fluides ont inspiré la création, en conjonction avec divers acteurs du secteur, d’un capteur de particules permettant de déterminer précisément à quels risques les soldats sont soumis en cas d’attaque biologique.
Faire très vite et très bien
Mais l’exemple le plus parlant de ce rayonnement technologique est sans doute à chercher du côté de la santé. S’appuyant sur le travail de Williams F1 sur les cellules de survie quasi-indestructibles dans lesquels les pilotes évoluent désormais, Williams Advanded Engineering a co-créé le Babypod 20, une couveuse permettant le transport et le soin en urgence et en toute sécurité des nouveaux-nés, notamment les prématurés, jusqu'à l'hôpital ou en son sein.
On se souvient également de l’impressionnant ballet des mécaniciens lors d’un arrêt au stand, où changer quatre roues peut se faire en moins de deux secondes. Une mécanique bien huilée qui avait trouvé son application dans le service de réanimation néonatale de l’hôpital universitaire du Pays de Galle, à Cardiff. Des échanges avaient eu lieu entre praticiennes et techniciens, pour que les premières puissent déterminer comment les seconds s'y prenaient, avec une aussi grande équipe dans un espace-temps réduit a minima, pour atteindre la perfection du geste collectif.
Le record du monde de changement de pneu. Ça n'a l'air de rien, mais ça a peut-être aussi sauvé des vies.