À l'éolien, au solaire ou au marémoteur, il faudra peut-être bientôt ajouter le géothermique sur la liste des sources d'énergie renouvelable, propre et virtuellement inépuisable. Du moins si les techniques de forage utilisées pour exploiter les températures et pressions extrêmes des entrailles de la terre ne mènent pas au désastre.
Wired raconte ainsi les aventures de Venelle-2, site de forage expérimental situé dans la région toscane des Appenins. Venelle-2 est l'une des nombreuses installations posées sur le champ géothermique de Larderello-Travale. C'est dans cette région que l'exploitation de la chaleur terrestre a pour la première fois été testée, en 1904 –l'électricité produite n'était alors capable d'illuminer que cinq ampoules.
Ce champ produit déjà 10% du total de l'énergie produite, dans le monde, par la géothermie. Mais en 2015, un consortium européen nommé Descramble a lancé un projet destiné à amplifier la récolte de cette quantité d'énergie en testant des forages plus en extrêmes.
Fluides supercritiques
Explorée par d'autres projets en Islande, aux États-Unis ou au Japon notamment, l'idée est de creuser jusqu'à atteindre une profondeur –nommée k-horizon– telle que les fluides géologiques s'y trouvent dans un état supercritique. Réussir à exploiter la force considérable de ces fluides ferait de la géothermie une source d'énergie qui pourrait s'avérer majeure.
Venelle-2 n'a pas pu atteindre ce k-horizon. Avec plus de 530°C et 300 fois la pression à la surface du globe, les conditions extrêmes atteintes à plus de 3 kilomètres de profondeur ont obligé les équipes à stopper le forage, à quelques encablures de l'objectif supercritique.
Cela ne fait pas du projet un échec pour autant –le trou italien est le plus profond et le plus chaud jamais fait par l'homme dans la croûte de sa planète. Surtout, il s'est fait sans que n'advienne l'obstacle principal du potentiel géothermique, les séismes. Ceux-ci ne sont pas rares: Wired rappelle que le deuxième plus gros tremblement de terre en Corée du Sud a été lié à un forage expérimental, tout comme des secousses ayant frappé Bâle, en Suisse.
Wired note en outre que l'exploitation des fluides géologiques supercritiques reste hautement problématique. Les réservoirs sont trop rares pour en faire une source importante d'énergie géothermique, et les technologies actuelles ne permettent pas encore d'exploiter leur force colossale.
Venelle-2 pourrait néanmoins préfigurer un projet moins ambitieux, mais plus aisément réalisable. S'ils ne provoquent pas de séismes et si les coûts sont maîtrisés, d'aussi profonds forages pourraient permettre une exploitation électrique efficace des chaleurs et pressions atteintes, sans avoir à toucher le k-horizon. Sur à peu près n'importe quel point du globe.