Les intelligences artificielles (IA) savent écrire, chanter, dessiner, communiquer et même lire dans les pensées (ou presque). Seront-elles bientôt capables d'endosser le rôle de publicitaire? C'est en tout cas ce que souhaite Google, rapporte le média Wired. L'entreprise américaine, qui tire 80% de ses revenus de la publicité (plus de 186 milliards d'euros), utilise déjà cette technologie depuis des années pour aider les sociétés à cibler des clients, ou encore pour modifier automatiquement la taille de l'image d'une annonce.
Désormais, le mastodonte des annonces veut voir plus loin en ayant recours à des systèmes d'IA générative –comme ce qui est utilisé par ChatGPT ou par des générateurs d'images artificielles tels que DALL-E. Jerry Dischler, vice-président de la firme chargé des publicités, donne plusieurs exemples d'applications possibles.
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Aujourd'hui, lorsqu'une personne formule une requête dans le moteur de recherche, les algorithmes vont piocher textes et photos dans une base manuellement créée par les annonceurs, pour proposer des publicités à l'internaute. Mais avec la possibilité de demander à une IA proposer des textes, cela va changer.
Si une personne tape «soin de la peau pour peau sensible et sèche» sur Google, l'IA pourrait ainsi créer une annonce pour une crème portant le texte «Soulagez votre peau sensible et sèche», explique Jerry Dischler. Le progrès peut paraître peu important, mais plus la publicité colle à sa recherche, plus il y a de chances que l'internaute clique dessus, note Wired.
Google prévoit aussi d'utiliser cette technologie pour proposer un chatbot à usage des publicitaires, afin de les aider à choisir les bons mots-clés.
L'IA multitâche
La génération d'images n'est pas en reste. D'ici à la fin de l'année 2023, la firme américaine souhaite tester un outil permettant aux publicitaires de demander à une IA de créer des images pour leurs annonces –un peu à la manière de ce que l'on peut faire sur DALL-E.
Alors que plusieurs artistes américains ont porté plainte contre des plateformes telles que Stable Diffusion, Midjourney ou DeviantArt ces derniers mois, contestant leur droit à traiter leurs images dans leur phase d'apprentissage, Google assure que cette nouvelle fonctionnalité ne fera reposer aucune responsabilité légale sur les annonceurs.
Les publicitaires n'auront pas non plus la liberté la plus totale dans leur processus de création: ils ne pourront notamment pas demander à l'IA d'images ou de textes inappropriés ou mensongers. Les annonceurs pourront aussi recourir à ces outils pour changer l'arrière-plan d'une image, mais aussi pour en augmenter la résolution.
Selon Jerry Dischler, l'outil permet surtout de produire des publicités plus pertinentes, pour un coût plus bas. «Nous aimerions pouvoir offrir une aide personnelle à des millions d'annonceurs, petits comme grands, mais nous pensons que [l'utilisation de l'IA] est la meilleure chose à faire», souligne-t-il.
Google n'est pas la seule entreprise à vouloir se lancer sur ce terrain. Dans ce Far West numérique qu'est devenue la course à l'IA, Meta a annoncé, le 11 mai dernier, le lancement d'une suite d'outils de création publicitaire grâce à l'IA générative, permettant là aussi de générer des fonds et d'ajuster la taille des photos pour qu'elles soient plus adaptées aux story ou reels.
Si aucun vainqueur ne se profile pour l'instant, une chose est sûre: lorsqu'il s'agit de vendre des produits aux internautes, les entreprises de la tech savent rivaliser de créativité.