Les employé·es de Google durant leur walkout le 1er novembre 2018 à New York. | Bryan R. Smith / AFP
Les employé·es de Google durant leur walkout le 1er novembre 2018 à New York. | Bryan R. Smith / AFP

Pourquoi les rebelles de la Silicon Valley ne rejoignent pas les syndicats traditionnels

L'explication est dans un livre écrit en 1978.

Le 1er novembre 2018 est une date très importante pour l'industrie des nouvelles technologies aux États-Unis. Ce jour-là, plusieurs dizaines de milliers d'employé·es ont participé à un walkout, une courte grève, en réaction à une enquête qui accusait leur entreprise de couvrir des cas de harcèlement sexuel.

Walkouts, grèves et pétitions sont de plus en plus courantes dans l'industrie des nouvelles technologies, de Google à Amazon, en passant par Uber. Une industrie qui, même pour ses cols blancs, n'est plus l'eldorado des premières années.

De quoi se demander si les syndicats peuvent réussir à percer dans un milieu traditionellement libéral, où ils sont historiquement peu populaires.

Ça et là, certains petits groupes se sont en effet syndiqués, mais force est de constater que les organisations syndicales traditionnelles ont toujours du mal à pénétrer l'industrie. Nombre de mouvements, que ce soit chez les chauffeurs de VTC, les développeurs de jeux vidéo ou les cadres de Google, préférent se fédérer dans des organisations créées et dirigées par les premier·es concerné·es.

Contre-pied des syndicats traditionnels

D'après le New York Times, ce refus de rejoindre des grandes organisations syndicales est en partie inspiré par un livre publié en 1978, Labor Law for the Rank and Filer, un manuel écrit par Staughton Lynd et Daniel Gross, destiné à guider les travailleurs et travailleuses en lutte.

En plus de conseils pratiques, l'ouvrage prend le contre-pied des syndicats traditionnels, accusés de faire trop de concessions aux employeurs. Il prône donc des «syndicats solidaires», non bureaucratiques et auto-organisés. Le but est de mener des actions collectives, plutôt que des négociations dirigées par des représentant·es.

C'est justement parce que leurs groupes socioprofessionnels sont traditionnellement hermétiques à la culture syndicale que les travailleurs et travailleuses de la Silicon Valley voient un intérêt à ce type d'organisation plus horizontale et proche du terrain que les structures top-down américaines classiques.

«Une grande partie du travail militant est nécessairement abattu par une petite minorité, du fait de la vision du travail de l'industrie et du bagage idéologique de sa main-d'œuvre», explique au New York Times Ares Geovanos, un membre de la Tech Workers Coalition, qui tente de populariser cette vision de l'action par la base.

Il est possible, même depuis une position minoritaire, d'organiser une grève qui prend ensuite de l'importance. Alors que sans moyens pour prouver sa représentativité, ou lorsque les décisions sont prises lors de votes collectifs dans lesquels les entreprises peuvent discrètement intervenir, il est difficile de peser dans les négociations.

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