Vous rentrez chez vous. Vous allumez la PS4, faites tournez le micro-ondes, faites couler un bain chaud et montez le chauffage. Vous consommez de l'électricité. Vous n'êtes pour l'instant, sur la grille électrique, qu'un simple réceptacle –un pur consommateur, une pure consommatrice des watts que vous fournissent entreprises, charbon, nucléaire et éolien.
Cela va bientôt changer: comme l'explique Bloomberg, la structure technologique comme commerciale du marché de l'énergie se prépare à un profond bouleversement.
Tous producteurs, toutes productrices
Celui-ci tient en particulier à une évolution récente: l'essor spectaculaire du marché des batteries et des solutions de stockage domestique, dont les coûts chutent à mesure qu'États, nouveaux acteurs comme Tesla ou vieux géants de la pétrochimie comme Shell, investissent massivement.
Grâce à elles, chacun·e pourra bientôt devenir une petite centrale individuelle, une unité capable à la fois de tirer son électricité de la grille mais également de la lui fournir, au besoin.
«Nous pensons que le stockage peut-être la technologie pivot dont a besoin un monde se préoccupant du changement climatique», explique Mary Powell, dont l'entreprise Green Mountain Power Corp travaille avec Tesla à la fourniture d'unités de stockage électrique domestique.
La probable généralisation des voitures électriques, voire des bus ou camions, devrait contribuer à ce chamboulement total: comme les foyers, les véhicules pourraient ne plus être de simples consommateurs mais devenir des unités de stockage et de redistribution d'électricité.
«Vehicule-to-grid»
Une capacité à inverser la charge leur permettrait de combler, au repos, d'éventuels besoins en électricité de la grille. Les possesseurs ou possesseuses feraient alors un profit non négligeable au passage; Bloomberg cite une expérimentation de Nissan aux Pays-Bas où il est estimé que le gain pourrait être de 1.000 euros par an.
Tout n'est bien sûr pas rose. Massivement choisie par les industriels, la technologie lithium-ion présente de nombreux défauts: un coût écologique et social conséquent, notamment dans les grands pays extracteurs comme le Chili ou la République démocratique du Congo. La problématique du recyclage est aussi loin d'être réglée.
D'autres solutions, comme les prometteuses batteries aluminium-air que nous vous avions présentées il y a quelques semaines, pourraient changer la donne.