Il est difficile de souligner à quel point le récent surgissement des drones low cost est, pour les conflits modernes, une profonde révolution.
L'an passé, nous présentions le Bayraktar TB2, star du genre de conception turque, sorte d'AK-47 du ciel ayant déjà joué un rôle crucial lors du conflit dans le Haut-Karabagh et qui, possédé par les forces ukrainiennes, semble faire des dégâts considérables sur les forces russes, notamment sur les colonnes logistiques.
#BayraktarTB2'nin Malyn bölgesindeki Rus zırhlı konvoyunu ve BUK Hava Savunma Sistemini imha ettiği anlar. pic.twitter.com/LUO2DTM4zA
— Clash Report (@clashreport) February 27, 2022
Mais le Bayraktar TB2, qui s'il est «low cost» n'en reste pas moins dispendieux et high-tech, n'est pas le seul atout du genre possédé par l'armée ukrainienne. Les progrès technologiques accélérés et tous azimuts des dernières années ont démocratisé l'art du drone, armé ou non, et permis à des petites structures de proposer leurs propres solutions à très bas coût aux nations qui les emploient.
C'est le cas d'UA Dynamics, une jeune pousse ukrainienne fondée en 2014 par des vétérans des armées du pays après le début de la guerre dans l'est du pays. La petite entreprise fournit à l'armée ukrainienne un petit appareil nommé «The Punisher» qui, selon The Times, fait des merveilles face à la supposée toute puissance russe.
Petit, mais costaud
«Réutilisable, rapide, inattendu, précis, mortel», explique sans fard le site de l'entreprise, qui précise que le Punisher est le drone disposant du plus faible coût opérationnel au monde. «C'est la manière la moins chère et la plus simple de porter un coup venu de loin, sans risque de vie», explique au Times Eugene Bulatsev, patron d'UA Dynamics.
D'une envergure de 2,2 mètres, le «Punisher» est un tout petit appareil, capable de n'emporter qu'une charge de 2 à 3 kilos –ou 3 de 1 kilo, qu'il peut lâcher consécutivement sur des cibles différentes. Cela semble a priori certes peu, c'est pourtant suffisant pour ravager des camions d'essence par exemple, l'un des gros points faibles de l'armée russe depuis le début de son offensive.
Le Punisher dispose, selon le site du constructeur, d'une autonomie de 45 kilomètres et, à en croire Eugene Bulatsev, peut mener sa mission en toute autonomie une fois les coordonnées de l'attaque entrées dans son système.
Pour déterminer ces dernières, un second drone de plus petite taille, baptisé quant à lui «Spectre», peut lui être adjoint. Pour mettre toutes leurs chances de leur côté et faire avec les moyens du bord, les autorités ukrainiennes ont même appelé les habitants du pays à participer à l'effort de guerre en remettant à l'armée leurs drones de loisirs.
Indétectable par les radars comme l'expliquait il y a quelques années Bulatsev au Sun, qui ajoutait que le Punisher était un cauchemar pour les forces séparatistes pro-russes du Donbass qui ne comprenaient pas ce qui les avait frappées, le petit appareil aurait déjà réussi plus de soixante missions face aux armées russes, loin derrière les lignes de front.
Le «Punisher» n'est pas le seul drone low cost produit par l'Ukraine, qui dispose également et notamment des Leleka-100 produits par Ukrspecsystems pour mener d'indispensables missions de reconnaissance et de surveillance. Preuve supplémentaire que dans les guerres modernes, le pot de terre n'est plus tout à fait démuni face au pot de fer.