Cela ressemble au début d'un énième film de genre avec monstre sous-marin à la clé, sauf que cette fois, les faits sont bien réels. Au large de l'État de Goa, dans l'ouest de l'Inde, des scientifiques rapportent avoir capté des bourdonnements inédits dans les fonds marins. Ceux-ci pourraient bien provenir d'un animal encore non identifié, tapi dans les récifs coralliens.
C'est une équipe de biologie marine qui a procédé à l'enregistrement sonore faisant aujourd'hui l'objet de toutes les fascinations. Comme le raconte Vice, c'est à l'aide d'un dispositif dédié aux prises de son aquatiques, connu sous le nom d'hydrophone, que cela a pu être possible.
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Cette méthode non invasive permet d'enregistrer des sons sans perturber le milieu et sa population, et donc de récolter de précieuses informations sur le mode de vie des espèces sous-marines mais aussi d'effectuer des recensements.
C'est dans ce but qu'une équipe de recherche du Conseil de la recherche scientifique et industrielle-Institut national d'océanographie indien a installé un de ces appareils à environ 20 mètres de profondeur, non loin de Grand Island, île appartenant à Goa. En quelques jours, l'instrument a capté des sons provenant de 21 espèces de poissons différentes, celles-ci faisant partie des 55 espèces dites «sonores» potentiellement présentes dans les eaux indiennes. Sur le papier, il existerait également une soixantaine d'espèces non sonores, que les hydrophones ne permettent donc pas de repérer.
Rencontres du troisième fish
Mais parmi les sons émis par les espèces recensées, un bourdonnement répété a particulièrement attiré l'attention des scientifiques. Encore non identifié, celui-ci semble similaire à un autre son inconnu, enregistré en 2022 au large de la côte est des États-Unis, non loin de la Caroline du Nord.
«Les données [...] suggèrent que le son provient d'un poisson», affirme Bishwajit Chakraborty, spécialiste de la faune marine et responsable des recherches. «Cependant, le manque d'archives centralisées constitue un obstacle majeur et ne nous permet pas de nous appuyer sur des bases de données pour confirmer de quelle espèce de poisson il s'agit.»
Pour les océanographes les plus chevronnés, les sons inconnus enregistrés dans l'océan sont monnaie courante, à tel point qu'une base de données officielle et internationale est en train d'être élaborée par les spécialistes du monde entier. Un travail de titan qui nécessite de multiplier les collaborations et les opérations de centralisation.
En attendant, il existe également des initiatives individuelles, comme celle d'Annie Innes-Gold, doctorante à l'Institut hawaïen de biologie marine, qui a compilé des sons non identifiés sur sa chaîne YouTube pour témoigner de la richesse des fonds marins et des mystères que ceux-ci renferment.
Mais Bishwajit Chakraborty insiste: les hydrophones ne servent pas qu'à rechercher des sons inconnus, et donc à raconter des histoires à sensation. «La vie sous-marine subit l'impact direct des changements de température et de conditions climatiques. À l'exception des mammifères, les espèces qui y vivent sont ectothermes, ce qui signifie que leur température s'aligne automatiquement sur celle de leur milieu.»
Ne pas pouvoir réguler sa température, c'est donc être particulièrement exposé à ses variations. Cela rend la faune sous-marine particulièrement vulnérable, ce qui nécessite de l'observer avec autant d'attention que possible.