IBM l'annonce en fanfare: nommé Eagle et pouvant utiliser 127 qbits, son nouveau processeur quantique supraconducteur laisse très loin derrière lui ses deux principaux concurrents, le Sycamore de Google et le Zuchongzhi des scientifiques chinois de l'USTC à Hefei.
La puissance du précédent champion du monde en date, Zuchongzhi, était de 60 qbits. IBM a, semble-t-il, réussi le tour de force de plus que doubler la capacité maximale jamais atteinte par un processeur supraconducteur.
IBM fait un pas de géant: comme l'explique New Scientist, et contrairement aux processeurs classiques équipant nos appareils actuels, la progression en matière de calcul de cet ordinateur n'est pas linéaire. Chaque qbit double la puissance potentielle d'un processeur quantique.
«Avec Eagle, nous démontrons que nous pouvons monter en échelle, que nous pouvons générer suffisamment de qbits pour nous placer en situation de pouvoir résoudre des problèmes intéressants. C'est un tremplin vers de plus grosses machines», a déclaré Bob Sutor d'IBM, avec une notable prudence.
Trop beau pour être vrai?
New Scientist souligne qu'il vaut mieux ne pas crier trop vite à l'exploit face à une telle annonce. IBM n'a pas encore publié le moindre papier scientifique officiel permettant de juger si, réellement, l'Eagle se rapproche de la suprématie quantique, ce point où l'informatique classique n'est pas en mesure de résoudre des problèmes.
«C'est clairement positif. C'est bien qu'ils fassent des machines avec plus de qbits, mais ce n'est utile que quand le processeur fonctionne réellement bien», tempère Peter Leek de l'université d'Oxford, interrogé par New Scientist.
Cette attente de résultats étayés sur la science plutôt que sur une interview ou un communiqué de presse n'empêche pas IBM d'annoncer avec confiance la suite de son programme: avec Condor, son prochain processeur quantique supraconducteur, la firme espère atteindre dès l'année prochaine les 400 qbits, puis celle des 1.000 dans les douze mois suivants.
Les choses semblent donc progresser vite, très vite dans le domaine de l'informatique quantique, ce qui pourrait permettre à l'humanité de régler certains des problèmes les plus complexes que sa technologie actuelle ne suffit plus à résoudre. Peut-on croire en cet espoir?