La Silicon Valley aime les slogans grandiloquents et les hyperboles: «Make the world a better place» [«faire du monde un meilleur endroit»] est même devenu une punchline pour se moquer des entreprises tech qui clament à chaque nouvelle invention qu’elle va révolutionner la planète et la vie de celles et ceux qui l’habitent.
Mais le World Bee Project, lui, pourrait bien tenir sa promesse de changer le monde –sous réserve bien sûr que ses résultats soient à la hauteur des promesses initiales.
Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre.
L'initiative part d'un constat: il est nécessaire d'enrayer le rapide déclin du nombre d’abeilles, indispensables à la pollinisation. Quelque 90% des plantes à fleurs étant pollinisées par des animaux, principalement des abeilles, ce processus est crucial pour l’écosystème global, et donc de première importance pour l’humanité. Selon la légende, Albert Einstein aurait même déclaré que «si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre».
Problème: si l’on sait que le nombre d’abeilles décline depuis des années, il est difficile de savoir exactement pourquoi. Bien sûr, les scientifiques ont des pistes: pesticides, virus, réchauffement climatique, pollution de l’air ou cocktail létal de tous ces éléments. Mais il est difficile pour la recherche d’avoir une vision globale des raisons de la disparition des précieuses pollinisatrices.
Des ruches en réseau
L’idée du World Bee Project est de mettre en réseau un maximum de ruches, afin de déterminer avec précision quels indicateurs peuvent révéler leur bonne ou leur mauvaise santé et éventuellement trouver des méthodes pour y remédier. Cet objectif pourrait être atteint grâce à une grande moisson internationale de données, qu’une intelligence artificielle sera ensuite chargée de traiter et d’analyser.
Oui, se servir d'un iPad est possible avec une grille devant les yeux. Cela pourrait même sauver le monde. | World Bee Project
Sur un plan technique, des capteurs sont placés dans les ruches pour enregistrer le bruit des insectes, les mouvements de leurs ailes et de leurs pattes, le poids de leur miel, l’humidité de la ruche ainsi que le climat et le niveau de pollution local. Cette collecte d'informations n'est pas nouvelle, mais «en liant l’apprentissage automatique d’une intelligence artificielle aux données fournies par les ruches situées dans un grand nombre d'endroits, on peut déterminer des “signatures” de la santé des abeilles», explique le professeur Simon Potts, cofondateur du projet.
Une fois ces «signatures» déterminées, «le Saint-Graal serait d’identifier des indicateurs avant-coureurs de mauvaise santé», ajoute Potts. Il serait alors possible de prévenir les problèmes avant qu’ils n’adviennent. Le programme n’est pour l’instant mené qu’au Royaume-Uni, mais il devrait devenir mondial.