Petits dégâts mais grosse alerte? | Auteur inconnu / MAYSAM BIZÆR میثم بی‌زر via Twitter
Petits dégâts mais grosse alerte? | Auteur inconnu / MAYSAM BIZÆR میثم بی‌زر via Twitter

Israël a-t-il lancé une grande campagne de frappes en Iran?

Le raid contre l'usine militaire d'Ispahan n'était peut-être qu'une première étape.

Une grande agitation agite l'Iran depuis deux nuits. Nombre de sites sensibles du pays, victime en parallèle d'un séisme d'une magnitude de 5,9 dans la province de l'Azerbaïdjan occidental, ont en effet été visés par des attaques mystérieuses –et qui, pour l'instant et pour la plupart d'entre elles, restent encore nimbées d'une épaisse brume.

Dénoncé par les autorités du pays qui, dimanche 29 janvier, annonçaient fièrement avoir empêché une attaque contre une fabrique de munitions dans la ville d'Ispahan, le plus public de ces raids impliquait trois drones quadricoptères armés de bombes.

Tout semblait pointer vers une responsabilité d'Israël, ce que le Wall Street Journal, citant des sources américaines et d'autres «mises au courant de l'opération», confirmait dimanche dans la journée. Selon le quotidien américain, ce sont des installations liées au Centre de recherche spatiale iranien, responsable du programme de missiles balistiques du ministère de la Défense du pays, qui étaient en réalité visées.

Quelques heures plus tard, le pouvoir iranien faisait diffuser des images des débris des drones supposés avoir mené l'attaque, ainsi que d'autres du bâtiment visé. Les premiers semblent bien être d'origine israélienne; le second, dont le toit est protégé par un filet conçu pour arrêter ce type d'attaques, n'aurait subi presque que de très légers dégâts.

Difficile, donc, de dire quel est le degré de réussite de cette attaque sur Ispahan, d'autant que des sources occidentales et israéliennes interrogées par le Jerusalem Post n'hésitaient pas, quant à elles, à parler d'un «succès phénoménal», sans pourtant donner plus de détails.

Dans le Wall Street Journal, Ronen Solomon, analyste pour le blog Intelli Times, expliquait pour sa part que si les images ne montraient pas d'explosion massive, c'est que l'attaque ne visait pas un dépôt de munitions, contrairement à ce qu'affirmaient les autorités du pays, mais plus probablement un laboratoire de recherche.

Jeu à trois bandes

D'autres se sont très vite réjouis de cette attaque: les Ukrainiens et ceux qui soutiennent leur lutte contre l'envahisseur russe ont notamment célébré, sur les réseaux sociaux, l'intervention d'Israël contre l'un des soutiens logistiques les plus importants de Moscou. Téhéran fournit en effet depuis quelques mois des centaines de drones Shahed-136 ou Mohajer-6 à Moscou, qui les utilise pour viser les infrastructures et civils ukrainiens, et pourrait également lui fournir de plus menaçants missiles.

Les deux nations ont signé un important pacte de soutien militaire mutuel et l'Iran devrait par ailleurs recevoir sous peu la bagatelle de vingt-quatre Su-35, ce qui ne peut qu'inquiéter Israël.

«La logique guerrière est inexorable et meurtrière. Cela revient sur ses acteurs et leurs complices. [...] Une nuit explosive en Iran –production de drones et de missiles, raffinerie de pétrole. L'Ukraine vous avait prévenus», a ainsi tweeté Mykhaïlo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Beaucoup ont donc vu dans cette attaque sur Ispahan une intervention indirecte d'Israël dans le conflit ukrainien. «C'est intelligent, Israël peut blesser l'Iran et aider l'Ukraine, sans mettre en péril ses intérêts stratégiques en Syrie», analyse ainsi, pour le Wall Street Journal, Mark Dubowitz, responsable du cercle de réflexion La Fondation pour la défense des démocraties.

Vertement critiqué depuis des mois pour son choix de ménager la Russie, avec laquelle il a des intérêts communs en Syrie, il semble qu'Israël ne soit pas pour autant inactif. Le pays a ainsi très vite fourni des renseignements à l'Ukraine sur la meilleure manière de contrer les drones Shahed-136 qu'il connaît bien. Le 27 janvier, l'ambassadeur d'Israël en Allemagne Ron Prosor affirmait également, dans une interview donnée au Morgenpost, que l'appui d'Israël était plus important que ne le pensaient les observateurs, et s'effectuait surtout en coulisses.

«Si c'était Israël, comme tout le monde semble le penser, et si les sites de production de missiles et de drones iraniens ont été sérieusement touchés, comme il semblerait que ce soit le cas, ça vaut beaucoup plus que quatorze chars», tweetait quant à lui le journaliste du Wall Street Journal Yaroslav Trofimov, bien que l'étendue réelle des dégâts sur lesdites installations soit très incertaine.

Le début de la fin

Mais cette attaque sur Ispahan n'a pas été la seule a avoir été menée dans la nuit du 29 janvier et n'était peut-être que la première étape d'une série plus longue et plus dure. Nombre d'autres points sensibles, dans l'ensemble du pays, ont ainsi été visés et parfois touchés lors de cette première salve.

Dans une relative confusion, une seconde vague d'attaques a été menée et mentionnée dès le lendemain: des explosions ont été rapportées dans la ville de Mahabad, ainsi qu'à la frontière irako-syrienne, où un convoi de camions aurait été visé. Une base du corps des gardiens de la révolution islamique aurait aussi été touchée.

Il est donc fort possible que ces attaques sur Ispahan comme sur certaines autres cibles militaires, si elle peuvent aider à tarir l'assistance militaire fournie à Moscou par Téhéran, s'inscrivent dans une campagne de frappes bien plus large qu'une simple aide à l'Ukraine.

Comme le rappelle le Wall Street Journal, Israël n'a jamais hésité à frapper au cœur de l'Iran quand les menaces pour sa sécurité devenaient trop grandes. On peut, pour ne citer que quelques exemples récents, parler de l'assassinat très particulier d'un proéminent scientifique iranien, Mohsen Fakhrizadeh, en novembre 2020; de l'attaque sur le site nucléaire de Natanz au printemps 2021; ou de l'assassinat du colonel Hassan Sayyad Khodaï, haut responsable des gardiens de la révolution, en mai 2022.

Ces raids interviennent en outre à un moment particulier. Inquiets de l'importance prise par l'Iran dans la région comme dans le conflit mené par la Russie en Ukraine, ainsi que des récentes avancées de son programme nucléaire et de sa bruyante annonce de la production d'uranium enrichi à 60%, les États-Unis se sont récemment joints à Israël pour divers exercices.

En novembre, Washington et Jérusalem organisaient ainsi des manœuvres dont l'objectif affiché était de simuler des frappes coordonnées sur des cibles en Iran. Et il y a quelques jours à peine, les deux pays envoyaient un nouveau message clair à Téhéran en organisant, quasiment à ses portes, les plus grands exercices militaires jamais effectués conjointement par les deux nations.

Alors qu'Israël est à nouveau plongé dans une violente spirale, les officiels américains défilent dans sa capitale. Le 26 janvier, c'était le patron de la CIA, Bill Burns, qui se rendait dans le pays pour rencontrer des dirigeants israéliens et palestiniens. C'est désormais au tour du secrétaire d'État Antony Blinken, patron de la diplomatie américaine, d'entamer une tournée au Moyen-Orient, qui doit passer par Jérusalem.

Dimanche, ce dernier a répété que toutes les options restaient sur la table pour empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire. Le président américain Joe Biden confiait lui-même, en décembre 2022, que l'accord passé en 2015 avec Téhéran était «mort».

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