L'assemblage final du réacteur international ITER, le «petit soleil» qui doit permettre de maîtriser la fusion nucléaire, a commencé cette semaine dans le sud de la France. Hors norme, ce vieux projet international dont les origines remontent au milieu des années 1980 promet à l'humanité de s'affranchir des énergies fossiles –du moins s'il atteint ses objectifs.
«ITER répond au besoin de trouver des sources d'énergie plus durables. Mais derrière cela, se trouve aussi la maîtrise de l'énergie des étoiles. ITER, c'est repousser une frontière, c'est mettre le soleil dans une boîte», explique Alain Bécoulet, chef de l’ingénierie du projet, à Ouest France.
Lancé en 2006 dans le cadre d'un traité international, ITER –acronyme anglophone de «International Thermonuclear Experimental Reactor», qui signifie aussi «chemin» en latin– réunit trente-cinq pays, dont l'ensemble de l'Union européenne, la Russie, la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et l'Inde.
Depuis 2010, des millions de de pièces venues du monde entier sont acheminées vers le site de Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône). L'assemblage devrait être achevé en 2025 pour atteindre une pleine puissance en 2035. Le budget du projet est colossal: les 20 milliards d'euros estimés au départ ont été triplés du fait d'importants retards.
Le tokamak doit encore faire ses preuves
L'enveloppe est à la hauteur du défi. ITER cherche à chauffer à 150 millions de degrés Celsius deux isotopes de l'hydrogène, le deuterium et le tritium, afin qu'ils fusionnent.
Cette réaction similaire à celle qui s'effectue au cœur du soleil et que cherche à reproduire la science est à l'opposé de celle qui a cours au sein des centrales classiques. ITER vise à produire une électricité propre et qui prétend pouvoir la créer en quantité illimitée, soit le Graal d'un futur énergétique moins polluant.
«La fusion d'atomes d'une manière contrôlée libère une énergie près de quatre millions de fois supérieure à celle que génèrent des réactions chimiques telles que la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz naturel et quatre fois supérieure à celle de la fission nucléaire», détaille le site du projet.
La fusion ne produit que peu de déchets radioactifs et les combustibles nécessaires à son fonctionnement, l'eau et le lithium, sont présents en abondance sur Terre. Les risques d'emballement sont aussi extrêmement limités, promettent les personnes à l'origine du programme.
Le projet ITER est une «preuve de concept», un projet expérimental visant à s'assurer de la faisabilité d'une utopie ainsi qu'à faire avancer la fusion, une vague sur laquelle de nombreuses firmes ou organismes se côtoient.
Mais pour que les choses avancent, il faudra que le tokamak le plus grand au monde, nécessaire au fonctionnement du réacteur, prouve qu'il répond aux espoirs qu'on attend de lui. Ce dispositif génère de l'énergie par la fusion des noyaux atomiques, qui se trouve ensuite absorbée sous forme de chaleur. Comme dans une centrale classique, cette dernière permet de produire la vapeur qui engendrera de l'électricité.