Un enseignant réquisitionné pour les moissons. | Farming Simulator
Un enseignant réquisitionné pour les moissons. | Farming Simulator

Si le travail vous manque, le jeu vidéo peut vous remettre au boulot

On peut tout simuler, même les cadences infernales.

Entendez-vous la complainte des salarié·es en chômage partiel qui, confiné·es, se languissent de leurs collègues et patron·ne? Quel sens peut avoir l'existence de ces individus sans cette activité de tous les jours ouvrés pour laquelle ils sont si généreusement rémunérés?

Heureusement, le jeu vidéo dont, après tout, la plus grande star Mario est un working class hero, peut combler ce manque. Voici sept options pour reprendre le travail en faisant semblant de jouer.

«Farming Simulator»

Improbable phénomène vidéoludique dont les différentes versions se sont écoulées à plus de 15 millions d'exemplaires, Farming Simulator est peut-être encore plus conseillé en ces temps troublés. Le jeu nous place à la tête d'une ferme. À nous de semer et récolter tout en soignant nos veaux, vaches, cochons et notre collection de véhicules et matériels agricoles.

L'un des atouts de cette série dont le dernier volet affiche, selon les supports, le millésime 19 (PC, Mac, PS4, Xbox One) ou 20 (Switch, iOS, Android), c'est son rapport au temps: la moindre action en prend énormément et si les tâches qu'il nous confie exigent de la minutie, le secret de Farming Simulator est qu'il parvient à rendre le travail planant. Et en plus, on est au grand air.

Pour celles et ceux qui seraient plus sensibles aux charmes du BTP, Construction Simulator est un bon plan B.

«Bus Simulator»

Dans la famille «Simulator» qui, loin de l'héroïsme high-tech des jeux d'avion des années 1980-1990, célèbre davantage les métiers manuels du quotidien, voici l'autobus.

Encore plus terre-à-terre que les (excellents) jeux de chauffeur routier Euro Truck Simulator 2 ou American Truck Simulator, Bus Simulator est l'anti-GTA par excellence. Ici, on fait attention à éviter les accidents, à respecter les limitations de vitesse, à ne pas griller les feux.

On s'arrête aux arrêts, on rend la monnaie. Avant de rentrer au dépôt, on vérifie que personne n'a laissé de saletés entre deux sièges –en général si, bande de porcs.

L'intérêt du jeu réside dans la somme de ses détails, de ces micro-actions qui, parfaitement exécutées, nous transportent «in the zone», mais au ralenti. Et puis, à travers le pare-brise, on voit la rue. Le dehors...

«Shenmue»

Pionnière à plus d'un titre, Shenmue le fut aussi sur la représentation du travail. Assez logiquement pour un jeu qui se faisait fort d'offrir à son héros du temps libre (pour se balader, jouer aux fléchettes ou même aux jeux vidéo), Shenmue lui donnait aussi du boulot.

L'une des séquences légendaires du premier volet de la saga nous place aux commandes d'un chariot élévateur avec pour mission de déplacer des caisses. Quand on a fait ses heures, on encaisse son salaire et on rentre chez soi.

Le pire, c'est que ça plaît: à la demande générale, le chariot élévateur a fait son retour dans Shenmue 3, paru à l'automne dernier près de deux décennies après l'épisode 2. Un aveu qu'il n'y a parfois qu'un pas entre le travail et le jeu?

«What Remains of Edith Finch»

Gros succès indé de 2017, What Remains of Edith Finch nous plonge dans l'histoire d'une famille dont les membres ont une fâcheuse tendance à mourir bizarrement. Les séquences macabres s'y enchaînent comme autant de courts-métrages interactifs et la plus marquante est celle qui nous fait jouer un ouvrier travaillant à la chaîne.

Sa tâche: attraper les poissons qui arrivent de sa gauche, les décapiter sous une mini-guillotine, puis les remettre sur le tapis roulant. Ce faisant, son esprit vagabonde et la nature même du jeu s'en trouve bouleversée: alors que, de notre main droite, on massacre les poissons, la gauche prend le contrôle de la scène rêvée par l'ouvrier.

Ainsi s'expérimente d'une manière à la fois éminemment concrète et très romanesque ce que le travail peut avoir d'aliénant. Ça finira mal, évidemment.

«Job Simulator»

Plus joyeux, pour ne pas dire bouffon, Job Simulator fait successivement de nous une employée de bureau, un cuisinier, une mécanicienne et un vendeur de magasin.

Sauf que pas exactement: tout se passe en fait en 2050 dans un musée du travail où ces métiers appartenant au passé sont reconstitués de façon plus ou moins fidèle; et que l'affaire se pratique en réalité virtuelle.

Job Simulator a pour principale qualité de nous placer dans des situations à la fois crédibles sur le plan de l'action (c'est-à-dire du rapport entre nos vrais gestes et leurs conséquences à l'écran) et ouvertement satiriques.

Jeu-dispositif, il repose entièrement sur le plaisir enfantin de «faire comme», celui du jeu d'imitation. Entre exécuter correctement son travail et faire à peu près n'importe quoi, il n'y a pas ici de mauvais choix.

«Tools Up!»

Tant qu'à rester enfermé·e chez soi, pourquoi ne pas refaire la déco? Tools Up! permet une rénovation générale avec ses appartements à refaire du sol au plafond. Mais attention: le temps presse, la peinture coule, le livreur de moquette sonne à la porte et le risque est grand de se laisser déborder.

Qu'on se lance seul·e ou à plusieurs –c'est conseillé– dans cette délicate entreprise, on ne s'en sortira qu'en planifiant efficacement les tâches. Irrésistible, le principe avait déjà fait ses preuves dans la simulation de cuisine Overcooked et sa suite, dont les créateurs et créatrices de Tools Up! se sont visiblement inspiré·es.

«Good Job!»

Dernier né de cette sélection tout juste arrivé sur la Switch, Good Job! nous transforme en femme ou homme à tout faire d'une société qui se voit confier une suite de tâches (restaurer une connexion à internet, ranger des caisses, ramener des employé·es à leur poste...) à accomplir par tous les moyens.

Le jeu fait mouche grâce à son approche ouverte à l'expérimentation qui rappelle le génial Untitled Goose Game. On passe autant de temps à produire le chaos qu'à résoudre des problèmes et ce qui est beau, c'est que les deux sont intimement liés.

Quoi de plus satisfaisant que de se voir gratifier d'un «Good job!» alors qu'on vient de faire pour des milliers de dollars de dégâts? Qu'on se le dise: le travail pour de faux ne sert pas qu'à remplacer le vrai. Il peut aussi nous en venger.

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