Le capitalisme de surveillance dès l'adolescence. | Sven Mieke via Unsplash
Le capitalisme de surveillance dès l'adolescence. | Sven Mieke via Unsplash

Life360, l'application qui flique (et agace) les ados

Aux États-Unis, les parents surveillent leurs ados par smartphone. Une surveillance extrême qui exaspère les jeunes et permet la récolte de leurs données personnelles.

Au départ, rien à dire, c'est une bonne idée. L'application Life360 permet de savoir en temps réel où se trouve chaque personne de sa famille. Sauf qu'à en croire les ados, elle est en passe de métamorphoser mère et père en fonctionnaires de la Stasi.

Mouchards parentaux

Sur le réseau social favori de la jeunesse, TikTok, les jeunes Américain·es s'en plaignent ouvertement en vidéo: leurs vacances d'été sont ruinées par Life360 et leurs parents devenus surprotecteurs.

Une vidéo appréciée plus de 30.000 fois montre le fondateur de Life360, Chris Hulls, sur fond de l'extrait sonore d'une chanson de rap aux paroles simples et directes: «Balance! Balance! T'es qu'une balance!»

D'autres ados partagent des astuces pour stopper le partage de leur position et pour s'offrir un peu de tranquillité. Au total, les vidéos avec le hashtag #life360 comptabilisent plus de 14 millions de vues.

La guerre est donc déclarée et les quelques ados interviewé·es anonymement se sentent démuni·es face à cet excès de surveillance. Car Life360 scrute aussi les déplacements en voiture –et le moindre appui sur l'accélérateur est notifié.

«Si je dépasse la limitation de vitesse sur l'autoroute, mes parents flippent», raconte une adolescente californienne de 16 ans. Un autre de 18 ans se voit interdit de s'arrêter en chemin pour s'acheter une glace.

Anxiété pour tout le monde

Psychologues et experts s'inquiètent de l'impact sur la jeunesse de ces applications. «Ces sociétés ne font que peu de recherches sur le développement de l'enfant», pointe Sarita Yardi Schoenebeck professeure à l'université du Michigan et directrice de l'organisation Living Online Lab.

Or, pour Michael Stora, de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, interviewé sur le site Laurence Pernoud, cette surveillance permanente «développe l'inquiétude parentale et l'anxiété de l'enfant».

Elle fait aussi perdre des notions fondamentales: «Si les enfants n'apprennent pas les règles de base de la vie privée, ils ne sauront pas mettre de barrières, de limites, dans la leur.»

Même son de cloche pour Lisa Damour, psychologue, qui insiste dans le New York Times pour que cette surveillance ne soit pas faite en cachette. L'ado s'en aperçoit toujours, ce qui crée des tensions dans la famille. Et après tout, est-ce qu'un jeune adulte devrait accepter une surveillance que ses parents refuseraient pour eux-mêmes?

Capitalisme de surveillance

D'autant qu'avec 18 millions d'utilisateurs et d'utilisatrices actives, cette surveillance représente un véritable vivier de données personnelles pour Life360. Les inscrit·es sont encouragé·es à partager l'adresse de leur travail, de l'école, de la maison, de la salle de sport –ce qui sert à proposer du contenu publicitaire ciblé ou des partenariats.

Par exemple, comme la firme connaît exactement les habitudes de conduite, elle partage ces infos avec Arity, (propriété d'un géant de l'assurance, Allstate) qui propose alors des tarifs d'assurance auto calculés sur les risques pris.

Près d'un quart des revenus de Life360 proviennent de ces données, le reste des abonnements. Comme le note Sarita Yardi Schoenebeck, «Life360 est plus inspirée par l'économie et le capitalisme que par le bien-être des familles.»

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