TikTok est sous une intense pression aux États-Unis. Accusée de partager les données personnelles de ses utilisateurs et utilisatrices avec les autorités chinoises, l'app est menacée d'interdiction par le gouvernement.
Ces derniers jours, l'entreprise qui est la propriété du groupe chinois ByteDance, a multiplié les annonces afin de sauver sa peau. Création de milliers d'emplois, augmentation des parts d'entreprises américaines au capital, rémunération du personnel chargé de la création: la plateforme d'échange de vidéos se démène pour éviter l'ostracisation aux États-Unis.
Mercredi 29 juillet, TikTok est allée beaucoup plus loin, en effectuant une manœuvre qui pourrait avoir de grandes répercussions sur ses rivales, à commencer par Facebook et Instagram.
Le jour même où Mark Zuckerberg, Sundar Pichai, Tim Cook et Jeff Bezos répondaient aux questions d'élu·es américain·es à propos de leurs pratiques anticoncurrentielles, l'entreprise a annoncé par communiqué qu'elle allait permettre à des expert·es d'observer sa politique de modération en temps réel et, surtout, leur ouvrir ses codes et algorithmes, de précieux secrets industriels habituellement tenus sous un épais secret.
Le PDG de TikTok, Kevin Meyer, y précise qu'il estime que «l'industrie entière doit être tenue à un niveau d'exigence exceptionnellement élevé» et que «toutes les entreprises devraient dévoiler leurs algorithmes et politiques de modérations aux régulateurs».
Parier sur la transparence est une inititiative suffisamment rare pour être soulignée. L'entreprise compte dessus pour contrer l'un des arguments du gouvernement américain, selon lequel TikTok serait un relais pour la propagande chinoise en vue des élection présidentielles de novembre.
L'ombre de Facebook
Dans une lettre récente, des parlementaires républicain·es s'inquiétaient du fait que le Parti communiste chinois (PCC) puisse «utiliser son contrôle sur TikTok afin de distordre ou manipuler les conversations politiques dans le but de répandre la discorde entre Américains».
Les réseaux sociaux concurrents et géants de la tech ont profité de ces allégations pour défendre leur propre modèle et jouer ostensiblement la petite musique de la fibre patriotique.
Lors de son témoignage devant le Congrès, Mark Zuckerberg a déclaré que «Facebook est une entreprise fière d'être américaine. Nous chérissons [ses] valeurs: démocratie, compétition, inclusion et liberté d'expression […]. Mais rien ne garantit qu'elles vaincront. La Chine construit un internet aux idées bien différentes, et veut exporter sa vision à l'étranger.»
Une manière d'allumer un contre-feu à la suite du boycott de son réseau social par ses propres annonceurs, qui l'accusaient d'être indifférent aux propos racistes et discriminatoires.
Le PDG de TikTok a d'ailleurs qualifié ces déclarations d'«attaques calomnieuses déguisées en patriotisme et destinées à mettre fin à notre présence aux États-Unis». Et d'évoquer le lancement de Reels, une copie made in Facebook de TikTok. La balle est désormais dans le camp américain.