À peine quelques semaines après avoir lancé son outil pour mesurer la productivité des salariés (on vous en avait parlé pas plus tard que le 1er décembre), Microsoft fait marche arrière et apporte plusieurs changements à son score de productivité intégré aux logiciels et applications Microsoft 365.
Sur son site officiel, la firme américaine annonce qu'elle va procéder à des modifications concernant les données privées, premier motif du tollé qu'a soulevé son idée depuis novembre. «Au cours de la dernière semaine, il y a eu beaucoup de conversations autour du Microsoft Productivity Score. […] Nous avons entendu vos commentaires, et aujourd'hui, nous apportons des modifications au produit pour renforcer davantage la confidentialité des clients», reconnaît l'entreprise, un peu gênée aux entournures.
La première correction est essentielle puisque le nom des utilisateurs sera supprimé du score de productivité: c'était une option à cocher, et c'est désormais systématique. Deuxièmement, «les évaluations de communication, de réunions, de collaboration de contenu, de travail d'équipe et de mobilité regrouperont uniquement les données au niveau de la société», écrit Jared Spataro, le vice-président de Microsoft 365, sur le blog de l'entreprise.
Autrement dit, un employeur ne pourra pas évaluer un salarié individuellement en traquant son temps passé sur Powerpoint ou le nombre de courriels ouverts par jour. L'interface de l'outil sera également revue pour «bien montrer que le score de productivité est une évaluation de l'entreprise et non du salarié».
Les GAFAM dans le viseur
«Chez Microsoft, nous sommes convaincus que la vie privée est un droit de l'homme, et nous sommes profondément engagés envers la vie privée de chaque personne qui utilise nos produits», assure Jared Spataro dans ce qui ressemble à un mea culpa.
Microsoft aurait pourtant pu se douter que son outil allait faire scandale. Dès le départ, la firme semblait d'ailleurs consciente qu'elle marchait sur des œufs, explique le site Mashable. «Soyons clairs: le score de productivité n'est pas un outil de surveillance numérique», écrivait dès le mois d'octobre Jared Spataro, comme s'il était déjà conscient de l'interprétation qu'on allait faire de son nouveau joujou.
Pas sûr que cette affaire améliore l'image des GAFAM, à l'heure où Facebook, Google et consorts sont montrés du doigt pour se servir allègrement des données de leurs utilisateurs à des fins commerciales.
L'an dernier, le site The Verge révélait de son côté l'incroyable système de surveillance des salariés mis en place dans les entrepôts d'Amazon, s'appuyant sur un algorithme mesurant le nombre de paquets par heure ou les temps de pause. Dans les entreprises, la tentation du flicage reste intacte.