Où qu'elle aille, l'armée américaine a besoin d'énergie. De beaucoup d'énergie. Afin de pouvoir se déployer n'importe où sans avoir à se soucier de générer toute cette électricité, le département de la Défense (DoD) américain a une idée originale: toujours transporter avec soi une centrale nucléaire.
Jusqu'ici à l'état de projet, le DoD a officiellement annoncé le 15 avril que son bureau des capacités stratégiques allait mettre en œuvre la construction d'un micro-réacteur «de quatrième génération» au sein du Laboratoire national de l'Idaho, un État du nord-ouest des États-Unis.
Baptisé «Project Pele», ce premier prototype aura pour but de «démontrer s'il peut fonctionner dans des conditions réelles d'utilisation» et s'il «correspond aux exigences et spécifications du DoD».
Afin qu'un réacteur nucléaire puisse être portatif, il faut non seulement qu'il soit beaucoup plus petit que les réacteurs classiques, mais aussi qu'il soit capable de démarrer et s'arrêter en un rien de temps.
L'armée souhaite donc que son réacteur produise une puissance comprise entre 3 et 5 mégawatts, puisse être démarré en quelques jours et s'arrêter en moins d'une semaine. Pour se faire un ordre d'idée, les centrales nucléaires classiques, qui alimentent la France en énergie, ont une puissance de 900 à 1.450 mégawatts.
Avantage stratégique et commercial
Ces réacteurs pourront ainsi être transportés à bord d'un train, d'un camion ou même d'un avion afin de rendre autonome en énergie une base militaire, n'importe où dans le monde. Le DoD affirme cependant qu'il ne sera pas le seul bénéficiaire des résultats du projet Pele.
Alors que les États-Unis comme le reste du monde réfléchissent aux manières de sécuriser leur approvisionnement en énergie, les réacteurs nucléaires miniatures sont souvent évoqués comme une façon de mettre en place une source d'énergie «propre» beaucoup plus rapidement qu'avec une centrale classique.
Dans un communiqué de presse, Jeff Waksman, le directeur du projet Pele, estime que son mini-réacteur «pourrait changer la donne aux États-Unis, à la fois pour le DoD et le secteur commercial».
Un réacteur fonctionnel n'est toutefois pas pour tout de suite puisque l'entreprise qui le construira n'a pas encore été choisie. Le DoD annoncera plus tard dans l'année qui des deux entreprises encore en lice, BWXT Advanced Technologies et X-Energy, a remporté l'appel d'offres.