Le président russe, Vladimir Poutine, préside un conseil de sécurité à Saint-Pétersbourg, le 10 octobre 2022. | Gavriil Grigorov / SPUTNIK / AFP
Le président russe, Vladimir Poutine, préside un conseil de sécurité à Saint-Pétersbourg, le 10 octobre 2022. | Gavriil Grigorov / SPUTNIK / AFP

Les missiles de Poutine sur les civils ukrainiens, une démonstration de faiblesse

Les bêtes blessées font parfois les pires dégâts.

Vladimir Poutine n'a semble-t-il pas apprécié le cadeau d'anniversaire que lui avaient réservé (a priori) les autorités ukrainiennes: le lendemain de ses 70 ans, une explosion a gravement endommagé le pont de Crimée, joyau de son règne, symbole de son annexion de la région ukrainienne en 2014 et pièce maîtresse de la logistique militaire russe.

Alors lundi 10 octobre, dès les premières heures de la matinée, partout en Ukraine, l'horreur s'est abattue sur les civils et dans les zones fortement peuplées, y compris des jardins d'enfants, sous la forme de 83 missiles et de drones suicides iraniens lancés en réponse à l'attaque, de nuit, d'une cible considérée comme militaire.

Une prévisible démonstration de force de Vladimir Poutine, donnant par la même occasion des gages aux faucons russes qui gagnent en influence à Moscou, alors que la guerre d'invasion lancée par le maître du Kremlin ne se contente pas de patiner, mais que son armée a commencé à reculer.

Le fait de viser les civils n'est guère plus surprenant: le nouveau chef des opérations en Ukraine, Sergueï Sourovikine, considéré comme un impitoyable guerrier, est surnommé «Armageddon» depuis son passage en Syrie, où la Russie a déjà eu tout loisir d'expérimenter sa tactique de la terreur.

Du pire, du mieux?

Mais si Vladimir Poutine a déjà promis, lundi, de nouvelles ripostes «sévères» en cas de répliques ukrainiennes, si l'entrée dans la danse macabre de la Biélorussie d'Alexandre Loukachenko peut légitimement inquiéter et s'il est probable que d'autres drames, similaires à celui vécu par la population ukrainienne lundi, sont à prévoir, cette pluie de missiles ressemble autant à une démonstration de force qu'à un chant du cygne.

La Russie, on le sait depuis quelques mois, commence à manquer de missiles modernes. Les plus de 80 missiles envoyés sur l'Ukraine lundi, qui ont fait 14 morts et plus de 100 blessés, s'ajoutent aux milliers d'autres déjà balancés plus tôt. Or, les sanctions occidentales coupent Moscou de certains composants nécessaires à leur fabrication et le stock s'épuise, lentement mais sûrement.

Pour suppléer à ces projectiles supposés de «haute précision», les Kalibr, Iskander ou Kh-101, les forces russes utilisent de plus en plus de drones iraniens, notamment des Shahed-136, souvent envoyés en essaims pour noyer les défenses de Kiev.

Elles se servent aussi, sur des cibles au sol, de missiles conçus pour être surface-air (soit anti-aériens), les S-300 notamment –or, avec une telle utilisation, la précision est bien sûr moindre. C'est un danger terrible pour les civils ukrainiens, mais c'est aussi un aveu de faiblesse technique et industrielle.

Avec son barrage de missiles du 10 octobre, la Russie a démontré qu'elle avait encore de quoi faire beaucoup de dégâts –et ses vieux stocks débordent, selon le renseignement ukrainien, de projectiles antédiluviens mais encore utilisables. Des dégâts de nature terroriste sur les esprits, mais aussi d'importants dommages sur les infrastructures du pays, de nombreuses centrales et installations électriques ayant par exemple été touchées.

Mais ce sont des dégâts imprécis, inutiles sur le plan militaire ou stratégique et qui vont, dans une sorte de retour de feu, accélérer la fourniture à Kiev par ses alliés occidentaux de défenses aériennes plus capables encore que celles dont elle dispose déjà, qui ont arrêté plus de la moitié des missiles lancés par Moscou.

L'Allemagne a ainsi réitéré son annonce d'un envoi, «sous quelques jours», du premier de quatre systèmes IRIS-T SLM à l'Ukraine, Joe Biden a fait des promesses similaires et le Norwegian Advanced Surface to Air Missile System (Nasams) pourrait débarquer plus rapidement en Ukraine. Emmanuel Macron a quant à lui promis de renforcer l'aide militaire de la France à Kiev.

Reste la question de la menace nucléaire, régulièrement agitée par Moscou: qui sait quels actes extrêmes une bête blessée et acculée est capable de commettre.

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